Le silence des dirigeants politiques français sur la situation catalane est assourdissant. Toutefois, on ne peut pas dire qu’ils n’aient absolument pas réagi. Sur le site du ministère des affaires étrangères, France Diplomatie, un extrait du point presse du 21 septembre 2017 est explicite sur la position officielle de l’État.
À la question « Le ministère de l’Europe et des affaires étrangères a-t-il reçu un courrier de la délégation de la Catalogne à Paris concernant la déclaration institutionnelle du Président catalan, Carles Puigdemont ? Si c’est le cas, quelle est la réaction du ministère ? », la réponse du ministère dirigé par Jean-Yves Le Drian a été claire : « sur le fond, comme nous l’avons déjà indiqué le 9 juin dernier, cette question relève de la politique intérieure de l’Espagne, dans laquelle la France n’a pas vocation à s’immiscer. Elle doit être réglée dans le respect du cadre constitutionnel espagnol. » Étonnant comme la diplomatie peut changer d’un État à un autre. Quand il est question de démocratie partout dans le monde, la France s’immisce volontiers dans la politique intérieure des États concernés. Mais dès lors qu’il s’agit d’une minorité nationale – dont une partie vit sur le sol français rappelons-le – alors cela relèverait de la politique intérieure de l’Espagne ?
Le ministère poursuit en affirmant que « les peuples français et espagnol sont unis par des liens de proximité particulièrement anciens et étroits » ce qui, déjà, est en soi un positionnement politique puisqu’il n’est pas fait référence au peuple catalan. Est-il nié ou ne bénéficie-t-il pas d’un « lien de proximité particulièrement ancien et étroit » ?
En rappelant pour finir son « attachement à une Espagne forte et unie », l’État français s’immisce bel et bien dans les affaires intérieures de l’Espagne en se plaçant du côté de la Constitution espagnole (défendue par un autoritarisme indécent) plutôt que de la légitimité populaire catalane. La loi serait donc plus forte que la démocratie. Ou quand le peuple est au service de l’État… une conception que partagent la France et l’Espagne visiblement.