L’an dernier, sur ce même site, on constatait que s’il y a des bagadoù partout, en particulier 28 en dehors de la Bretagne, la 1ere catégorie était largement dominée par les finistériens (8 dont 3 de Quimper) et les morbihannais (5). Enfin, les Côtes d’Armor avaient un représentant, Perros Guirrec, et la Loire-Atlantique un également, Saint-Nazaire (non classé en 2016). Suite au concours 2016, la proportion avait légèrement changé : deux bagadoù finistériens étant descendus en 2ème catégorie avaient été remplacés par un bagad d’Ille-et-Vilaine (Quic-en-Groigne de Saint-Malo) et par les Sonerien an Oriant de Lorient. Ce qui faisait une égalité à 6 pour le Finistère et le Morbihan, et 1 pour chacun des 3 autres départements breton. Qu’en est-il après le concours 2017 ?
Parlons d’abord de la 2ème catégorie. Si c’est le bagad Konk-Kerne (Concarneau) qui a gagné la manche de Lorient, à la grande joie de ses membres, ce sont Plougastel-Daoulas (29) et Cesson-Sévigné (35) qui sont respectivement 1er et 2ème du classement général après les deux manches cumulées de Brest et de Lorient. Ce sont donc ces deux Bagadoù qui montent en 1ère catégorie, remplaçant par là même le Bagad Sant-Nazer (44) et le Bagad Elven (56), 14ème et 15ème samedi. Le Bagad Sonerien an Oriant, régional de l’étape monté l’an dernier, a fini à une honorable 11ème place.
Plus haut dans le classement, Locoal Mendon qui était sur le podium l’an dernier descend d’une place, remplacé par la Kevrenn Alre d’Auray qui tombée 10ème en 2016, fait une spectaculaire remontée pour finir 3ème. Leurs voisins de Vannes, du Bagad Melinerion, qui visaient le podium ont du se contenter de la 5ème place, mais si leur prestation n’a pas forcément convaincu le jury, ils ont conquis le public par leurs innovations et ont eu un beau succès à l’applaudimètre.
Mais bien sûr le grand challenge de 2017 était de savoir si, après sa victoire à la 1ère manche à Brest, Cap Caval allait remporter le « maout » pour la 3ème année consécutive ou si le bagad Kemper allait récupérer le titre qu’il avait remporté 4 ans de rang avant de le perdre en 2016.
Cap Caval avait répété toute la semaine, dans le Pays bigouden, une suite de musiques de Haute-Bretagne composée en grande partie par des musiciens du bagad autour d’une mélodie de Jeannette Maquignon, chanteuse traditionnelle du Pays de Redon. Pendant ce temps, le Bagad Kemper répétait lui dans son fief de Keriou à St Evarzec, avec une suite entre tradition et modernité, avec des créations et des reprises de thèmes traditionnels, comme des ridées et une dérobée de Guingamp. Celle-ci composée non comme d’habitude par Steven Bodenes, penn soner du Bagad, mais par Gwendal Poder, penn bombarde.
L’an dernier, ceux qui avaient suivi la finale lorientaise pensaient que malgré des sonneurs tout à fait à l’unisson, la prestation quimpéroise était un peu trop classique et du coup ils n’avaient pu rivaliser avec Cap Caval à la prestation plus variée. Cette année, ma propre impression était que Quimper avait bien progressé dans l’originalité et inversé la tendance par rapport à Cap Caval. Si les Bigouden passé de bonne heure ont eu un gros succès à l’applaudimètre, il en a été de même 2h après pour le Bagad Kemper.
À la 1ère manche à Brest, Cap Caval l’avait emporté, 17,39 contre 16,96. À Lorient, c’est, confirmant mon impression, le Bagad Kemper qui la finalement emporté. Mais au classement général, ils n’ont pas pu combler tout leur handicap, battus à la fin par 9 tous petits centièmes de point, 17,39 pour Cap Caval, 17,30 pour le Bagad Kemper ! À titre de comparaison, Auray et Roñsed Mor de Locoal Mendon terminent 3ème et 4ème à 16,60 et 15,79 et là il n’y a pas photo.
Mais on terminera par une image qui ne surprendra pas ceux qui savent que lors des concours, comme les trophées « Hervé Le Meur » et « Plume de paon » au festival de Cornouaille, plusieurs couples biniou bras-bombarde ou biniou kozh bombarde sont « mixtes », c’est à dire Bagad Kemper-Bagad Cap Caval, comme par exemple Steven Bodenes, penn sonner de Kemper, qui sonne depuis plus de 10 ans à la bombarde avec Sylvain Hamon, cornemuse à Cap Caval.
Si la rivalité entre les deux bagadoù existe, ce n’est que pendant la compétition, pas après, et la photo ci-après le démontre. Montés ensemble sur le podium, pendant la remise des coupes, il y avait totale communion entre les 1ers et les 2èmes, avec 3ème à gauche sur la photo le penn sonner de Cap Caval, Tangi Sicard (fils et neveu des très connus Youenn et Padrig), et à droite, le couple Hamon-Bodenes dont on parlait plus haut. À coup sûr une des images fortes de ce début de festival.