La Guyane paralysée

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Depuis le début de la semaine dernière, un mouvement de contestation sociale de grande ampleur paralyse la Guyane dite « française ». Tous les secteurs de l’économie et les établissements publics sont fermés allant du petit magasin de quartier jusqu’au centre de lancement d’Ariane Espace où le décollage d’Ariane 5 n’a pu avoir lieu. Un avion d’Air France a même dû faire demi-tour après 4 heures de vol ainsi qu’un autre d’Air Caraïbes. Les ports sont bloqués et le pays se couvre de barrages.

Nombreuses sont les raisons qui ont conduit à cette situation. Le détonateur étant l’insécurité insupportable que subit le territoire depuis plusieurs décennies. Un « Pacte pour l’avenir de la Guyane » qui devait être ratifié se trouve bloqué pour cause de désaccord entre cette dernière et le gouvernement. Quant au plan d’investissement promis en 2013, il n’a toujours pas montré le bout de son nez.

En attendant, le chômage est monté à 22 % (soit deux fois plus élevé que dans l’hexagone) et la croissance démographique et devenue ingérable avec des infrastructures qui ne suivent pas. Environ 30 % de la population n’a pas accès à l’eau courante ou à l’électricité et les hôpitaux se trouvent désœuvrés depuis bien longtemps. La situation économique est telle que, comme dans certains pays affreusement pauvres, nombreux guyanais ne trouvent rien d’autre pour subvenir à leurs besoins que de faire la « mule », autrement dit passer la drogue aux frontières en l’ingurgitant.

Pourtant, des élus comme le sénateur Antoine Karam ne cessaient de rappeler à l’élite parisienne que la « mèche était allumée ». Loin, très loin de tout cela, Paris semble croire que les deniers alloués à son territoire d’outre-mer ne semblent bien utilisés que pour la grandeur de la République à travers la vitrine que représente la fusée Ariane. Tout le reste peut bien servir de carte postale !

Face à une révolte de grande envergure et de surcroît entretenue depuis des années, même celle des bonnets rouges semble bien guillerette et Monsieur Pujadas ou Madame Elkrief semblent plus intéressés par les affaires redondantes du candidat Fillon. Étrangement, les médias étrangers, eux, en parlent comme la BBC. La colonisation serait un sujet trop dérangeant en France ?

> Jean-Christophe Cordaillat-Dallara

Jean-Christophe Cordaillat-Dallara est un militant de l’UDB.