Il est plutôt rare de voir du cinéma russe dans les salles de cinéma en France et c’est bien dommage. Le festival Pêcheurs du monde, à Lorient, nous a donné l’occasion hier de voir une petite pépite : le film « Criminel » de Viktor Dement, sorti en salle en mars 2016 et distribué par Borealia.
C’est l’histoire d’une rédemption, d’un cheminement au sens propre comme au figuré. Ou pour reprendre l’expression du secrétaire du festival du film Pêcheurs du monde Jacques Chérel, « c’est la naissance d’un homme après la mort d’un bébé ». Dans une communauté isolée, en Carélie, au bord du lac Onega, Trofim Rusanov est garde-pêche. Intransigeant, il fait régner une loi de fer, incorruptible, et traite tout le monde comme des moins que rien si bien qu’il est détesté de tous. À la suite d’un contrôle, il se retrouve isolé dans la taïga, à des dizaines de kilomètres de toute habitation humaine. En rentrant à pied, il découvre dans une cabane un bébé abandonné par sa mère qui va bouleverser sa vie et le remettre en question. Un bébé qui ne survivra pas au grand froid carélien.
Ce film, « Criminel », est adapté d’un livre intitulé « La Trouvaille » écrit par Vladimir Tendriakov. On y découvre une Nature omniprésente, plutôt hostile mais qui devient plus clémente à mesure que le héros, interprété par Alekseï Guskov, change de comportement. Le récit est poignant et interpelle la condition humaine. Le héros qui se veut intègre et pur ne cesse d’invectiver celle qui a abandonné son enfant et dont il ne connaît pas l’identité : « la garce. Elle fait ça et je dois vivre avec. » Jusqu’au jour où celle-ci réapparaît…
En choisissant ce film parmi sa sélection, le festival Pêcheurs du monde ne s’est pas trompé puisque la salle du cinéville était pratiquement pleine…