Anodin l’incendie à la centrale de Brennilis ?

Brennilis 2008

Que s’est-il réellement passé le 23 septembre à la centrale de Brennilis? Un incendie s’est déclaré dans l’enceinte confinée du réacteur, et selon les autorités, incendie anodin classé 1 sur l’échelle 0 à 7 des incidents dans les centrales. Anodin? Ce n’est pas l’avis de Michel Marzin qui sait de quoi il parle. Michel, retraité du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) était un technicien supérieur qui a passé 40 ans de sa vie professionnelle au service du nucléaire, dont 28 ans, de 1966 à 1994, à la centrale de Brennilis. Suffisamment de temps pour être devenu un actif militant anti-nucléaire. Voici ce qu’il écrit sur son blog à propos de l’incendie :

« Aucun accident nucléaire n’est anodin.Les divers communiqués officiels sont rassurants comme d’habitude et la situation qualifiée de « sans risques ». Pourtant aucun accident nucléaire n’est « sans risques », comme le prétend la Préfecture. Il reste à Brennilis la cuve du cœur de la centrale, certes sans combustible et sans modérateur, la station de traitement et d’épuration et les échangeurs sont en chantier, et la contamination nucléaire subsiste donc en de nombreux endroits.

Celle-ci est plus nocive que l’irradiation. Le temps de réponse est seulement plus lent et, comme d’autres atteintes à la santé, elle ne devient parfois mortelle qu’au bout d’une vingtaine d’année.

Nous ne souhaitons mettre personne sur le banc des accusés, mais tirer les leçons d’un incident, sur lequel on va très vite tenter de passer l’éponge, afin que le personnel exécutant, et peut-être l’environnement, n’en aient pas à en souffrir d’une façon endémique. L’incendie survenu le 23 septembre à 15h, a duré une heure et demie. C’est conséquent et rare, parce que très dangereux en zone contaminée ou les produits radioactifs peuvent se vaporiser rapidement et causer de gros dégâts. Les moyens sont habituellement importants sur place et les préventions très étudiées.

[…] Il semble que le feu ait pris dans l’atelier de découpe des échangeurs, où les opérateurs étaient peu nombreux, équipés de scaphandres et en zone contaminée. Les moyens d’intervention contre le feu devaient y être restreints et les moyens d’intervention de l’extérieur difficiles à déployer, sans s’exposer les opérateurs à une contamination externe et interne.

C’est une situation fréquente en déconstruction. L’atelier de découpe des échangeurs, où le plafond a fondu, semble être fortement détérioré, puisque fabriqué en matières plastique et en plexiglas. (Nous avions été très critiques lors de sa construction).

On signale assez souvent ce genre d’incendies « sans conséquences » dans de nombreuses centrales. Les rapports d’expertise ne sont jamais publiés.

Nous allons donc observer les enquêtes en cours, que nous espérons moins lénifiantes et plus détaillées que les premiers communiqués, probablement coordonnés, faits par EDF, l’ASN, la Préfecture et le Conseil Départemental du Finistère.

Concernant les contaminations chimiques et nucléaires subies par les intervenants, nous souhaitons que les résultats des examens complémentaires soient aussi publiés, les mesures immédiates et sommaires négatives, étant souvent contredites par les examens postérieurs plus approfondis, lorsqu’ils sont publiés.

Enfin nous demandons que soit mise en place une véritable filière du démantèlement dotée de moyens humains et du matériels spécialisés et non soumise aux aléas des strates nombreuses de la sous-traitance incontrôlée ».

Souhaitons que Michel Marzin soit entendu dans ses requêtes.

> Christian Pierre

Né en 1949, Christian PIERRE est membre de l'UDB depuis 1977. Très engagé pour la Bretagne, il est très investi aussi dans les Droits de l'Homme, comme à l'ACAT (ONG chrétienne de lutte pour l'abolition de la torture et contre la peine de mort) dont il est animateur du Groupe Quimper-Cornouaille. Il milite enfin pour les droits du peuple palestinien.