Le Peuple breton publie ici une chronique de Gilles Denigot écrite suite aux scandales à la FIFA.
Chronique contre les raccourcis simplistes !
Depuis toujours, je suis un passionné de football, pour le connaître, pour l’avoir pratiqué comme joueur, coach, dirigeant. Mais ce que j’aime, c’est le jeu, lorsqu’on parvient à y inviter de l’intelligence, ses constructions stratégiques, et aussi comment amener des joueurs dits « moyens » à un bon niveau individuel et collectif.
La dynamique collective est également dans ce sport une richesse sociale. Le football est de loin le sport le plus pratiqué et le plus par les plus jeunes. Même s’il transcende les classes sociales, il attire néanmoins en plus grand nombre les populations les plus défavorisées. Je n’aime pas dire « modestes » comme le font les politiques, car elles ne sont pas modestes dans leurs richesses personnelles, elles sont justes plus pauvres que les autres au niveau financier.
Ce sport, par sa pratique de masse, – peut, est, doit, – être un vecteur d’insertion, ce sont les vrais éducateurs formés qui manquent souvent cruellement.
Personne ne peut nier que le football professionnel joue un rôle de « locomotive » dans la pratique sportive. C’est cette pratique qui m’intéresse davantage que les hordes de supporters, de convertis quand leurs clubs favoris ou leur pays l’emportent.
Le football professionnel est une institution sociale, économique et bien entendu par conséquent « politique ». Hélas, mille fois hélas, comme des pans entiers de la société, il piétine les règles élémentaires de la démocratie qui partout doit se conjuguer avec transparence et association citoyenne à tous les niveaux.
Transparence, dans les choix effectués, dans les finances… Or plus qu’ailleurs encore, ce petit monde fermé se complaît dans une opacité maximum. Il transpire et pue la corruption pour donner une image détestable à un sport et à des milliers de pratiquants et de bénévoles qui ne le méritent pas.
Où sont les contrôles et les règles de régulations sur une FIFA qui attire toutes les accusations publiques de malversations, de pratiques mafieuses ?
Qui régit et comment, les pratiques de petits arrangements et cooptations du microcosme dans notre football national professionnel, certes, mais aussi amateur ?
Comment pouvons-nous tolérer que les accusations, les soupçons de corruptions dans les attributions de grands événements type coupe du monde ne soient jamais suivies d’enquêtes ?
Pire encore, comment pouvons-nous laisser des pays organisateurs piétiner toutes les règles sociales et environnementales dans les travaux de construction liés à ces grands élèvements ?
Des hommes sont tués sur les chantiers probablement dépourvus des règles les élémentaires de sécurité, aucune instance, aucun pays ne s’en émeut.
La FIFA doit adosser aux cahiers des charges des conditions ratifiés par l’OIT, vu par l’OMC, et s’il le faut et également par un contrôle de l’ONU…
L’argent roi au nom de sports adorés du public car il transporte aussi du rêve ne peut passer sous silence les droits de l’homme et les droits des travailleurs…
Contrairement à ce que nous lirons dans l’analyse très réductrice de celles et ceux qui ignorent tout du sport et de la passion qu’il génère, ce n’est pas le football qui est en cause, mais bien les structures dirigeantes, les complicités des organismes déjà cités, des États et de leurs élu-e-s.
Leur silence complice ou « ignorant » participe à accepter des pratiques « modernes » digne du temps de la Rome antique avec le pain et les jeux, faisant taire les peuples occupés aux émotions apportées par leur sport. C’est tout ça qui contribue à toutes les complicités passives (ou pas) de corruptions organisées.
Le ballon tourne rond, pas le monde de l’argent qui s’en est emparé !