Au sommaire ce mois-ci : « La Ve République a 65 ans, l’heure de la retraite a sonné ! »

Le nouveau numéro du Peuple breton est paru le 2 mai, au lendemain d’une journée internationale des travailleurs très rassembleuse, marquée par l’opposition à la réforme des retraites. Cette réforme prouve une nouvelle fois la verticalité du pouvoir et son absence d’écoute, à tel point que les « Macron démission » ponctuent le moindre des déplacements présidentiels. Mais changer de personnel politique ne suffira pas, car la Ve République a déresponsabilisé le citoyen et lui a ôté tout pouvoir de décision une fois les élections passées. Faut-il alors changer la République ? Et si oui, quelles sont les options possibles ? La rédaction vous propose de prendre un peu de recul.

Fabien Escalona © Sébastien Calvet / Médiapart

Pour mieux comprendre, nous avons interviewé Fabien Escalona, docteur en science politique, journaliste à Mediapart, et auteur d’un essai intitulé Une République à bout de souffle (Seuil, mars 2023). Selon lui, la crise du régime français que nous vivons n’est pas qu’une affaire de droit constitutionnel. La Ve République accumule désormais les contradictions et les archaïsmes. Nos lecteurs retrouveront dans ses propos les questions liées au centralisme, à la crise climatique, à l’autoritarisme des gouvernements successifs…

Mais alors, comment obtenir un nouveau partage des pouvoirs, pour une République enfin sociale et écologique ? Il reste à Emmanuel Macron 4 années de mandat présidentiel et le contexte sociopolitique qu’il a créé – lisez la chronique de l’économiste Yann Fiévet sur les violences policières ! – interpelle quant à ses capacités à gouverner. Dans ce dossier du mois, Gael Briand signe un article d’analyse pour comprendre les choix qui s’offrent alors au président Macron. Et d’évidence, changer le personnel politique ne suffira pas : « quoi qu’il en coûte », c’est bel et bien la Constitution qu’il faut changer, pour une République décentralisée et plurielle en lieu et place d’une République une et indivisible.

Virginie Le Bris-Fontier, enseignante-chercheuse à l’UBS © DR

L’agriculture, profession archi-tendue

L’invitée du mois est Virginie Le Bris-Fontier, enseignante-chercheuse en sociologie à l’Université de Bretagne-Sud (UBS). Son travail nous amène à réfléchir sur le métier d’agriculteur, avec un point de départ : en 2016, la mutualité sociale agricole (MSA) a dénombré 529 suicides parmi ses assurés du régime agricole. Si cette mortalité est en baisse depuis les années 1990, elle a été repérée en 2008 comme étant 28 % supérieure à celle de la population générale… Alors pourquoi tant de suicides chez les agriculteurs ? Le métier s’est beaucoup transformé, l’identité paysanne a été déstabilisée. Virginie Le Bris-Fontier nous rappelle les périodes clés et nous donne les éléments de contexte pour mieux comprendre la situation.

Nouvelle extension de la carrière de Glomel ?

À Glomel, dans le Kreiz-Breizh, deux associations sont mobilisées contre l’extension de la carrière demandée par l’entreprise Imerys. Elle veut continuer d’extraire de l’andalousite, un minerai utilisé dans l’industrie métallurgique. Pour comprendre la situation sur place, Hervé ar Gall est allé interviewer Yves Jégo en français pour l’association Douar Bev et Jean-Daniel Bourdonnay en breton pour l’association Réfrac’Terre. Le projet n’a pas que des conséquences sur la communauté de communes du Kreiz-Breizh, elle en a aussi sur celle de Roi Morvan Communauté…

La fosse n°3 de la carrière de Glomel d’où est extraite l’andalousite © Catherine Carré

Pobl Vreizh : 4 pages d’articles en breton

En breton également ce mois-ci, deux autres articles : Paol ar Meur revient sur l’incroyable mésaventure vécue en Floride par cette professeure des écoles, licenciée pour avoir fait étudier par ses élèves la statue de David, le fameux nu de Michel-Ange…

Maxime Touzé nous raconte l’histoire de lycéens d’Allemagne de l’Est qui, en 1956, ont initié une minute de silence en classe en hommage aux insurgés hongrois… Ils ne pensaient pas aux conséquences, il s’en est pourtant suivi un scandale jusqu’au plus haut niveau de l’État. Cette histoire vraie est devenue un film en 2018, Das schweigende Klassenzimmer, réalisé par Lars Kraume.

Das schweigende Klassenzimmer, titré La révolution silencieuse en français (2018)

Pobl Vreizh, c’est aussi l’actualité littéraire brittophone avec, notamment, la parution du dernier numéro de notre partenaire la revue Al Lanv. Et pour apprendre le breton, il y a la petite leçon du mois en fin de magazine et il y a les stages d’été ! Un article en français vous présente en détail le stage d’initiation, 6e édition, organisé par l’UDB sur l’île de Groix du 23 au 29 juillet.

Petit Luxembourg et gigantesque Laponie

En pages internationales, deux pages sur le Luxembourg, un petit pays à la grande diversité linguistique. Deux pages également sur la ville de Kiruna en Laponie, en écho aux articles sur la carrière de Glomel : là-bas, l’exploitation minière – qui fournit du fer et bientôt des terres rares – impose à cette ville de… déménager ses bâtiments. Qu’en pensent les Samis ?

Féminisme : liberté toujours !

Après notre article sur le Mouvement des femmes dans les années 1970 en Bretagne, ce numéro de mai évoque les 60 ans du Planning familial. Dans les années 1960, celui d’Ille-et-Vilaine a été pionnier en matière d’information et d’éducation sexuelle. À propos de sexe, notre rédactrice Denise Maréchal nous raconte sa lecture du livre d’Ovidie, La chair est triste hélas (Julliard, 2023). Entre journal intime et compte rendu, l’autrice y raconte « ses 4 ans de grève du sexe hétéro ». Un texte radical.

Actualité générale et politique

Lydie Massard, porte-parole de R&Ps

Les rubriques de ce numéro de mai font la part belle à l’actualité générale et politique en Bretagne et à l’Assemblée nationale. Dans une tribune intitulée « Faire entendre la voix des partis fédéralistes », la co-porte-parole de Régions et peuple solidaires (RPS) Lydie Massard souhaite renforcer la fédération pour en faire une caisse de résonance de chaque territoire dans l’Hexagone.

Dans un article compte-rendu, les élus régionaux de l’Union démocratique bretonne (UDB) et d’Ensemble sur nos territoires (ESNT) donnent leur point de vue sur la dernière session du Conseil régional : précarité, agriculture, autonomie, réunification, logement…

Développement des langues de Bretagne

À propos du développement de la langue bretonne, tous les groupes politiques du Conseil régional – sauf le Rassemblement national et le groupe communiste – ont cosigné un courrier de la centriste Stéphanie Stoll à la Première ministre pour accélérer la formation des enseignants et tenir le rythme de la convention État-Région sur les langues de Bretagne. En Ille-et-Vilaine, le Département a lancé sa démarche pour construire son « schéma départemental de promotion des langues de Bretagne » porté par le vice-président Denez Marchand (UDB).

Zag au cairn de Barnenez © J. Deulceux

La toponymie bretonne est effacée année après années : comment faire face à la mode chez certains élus de renommer les établissements publics du nom de personnalités au détriment des noms de lieux ? Souvent en breton ou en gallo, ceux-ci sont empreints d’histoire ou de géographie, sont connus de génération en génération et grâce à eux, on sait où l’on va. Cela peut être utile quand on est élu·e et que l’on perd la boussole…

Pages culturelles : art, littérature et musique

Jean Deulceux nous raconte le travail de l’artiste morlaisien Georges Zanol, alias Zag, alors qu’il vient de réaliser une nouvelle œuvre de street art au cairn de Barnenez. Côté actualité littéraire, Klaod Thomas et Jean-Jacques Monnier recensent une dizaine de nouveaux ouvrages à lire et à offrir. Et retrouvez bien sûr les rubriques musicales de Pierre Morvan – qui s’attriste de la fin du festival Kann al Loar après 35 ans de programmation bretonne – et de Philippe Cousin qui nous déniche toujours des pépites celtiques !

Le magazine Le Peuple breton de mai 2023 est à retrouver en kiosque ou à commander en ligne.

Et pour seulement 3,75 €/mois, vous pouvez vous abonner !

> Ar Skridaozerezh / La Rédaction

Rédaction. Le Peuple breton est un site d'information en ligne et un magazine d'actualité mensuel – en français et en breton – imprimé à 4 000 exemplaires chaque mois. Ils sont tous deux édités par Les Presses populaires de Bretagne, maison d'édition associative basée à Saint-Brieuc. L'équipe de la rédaction, entièrement bénévole, est animée par une centaine de rédacteurs réguliers dont des journalistes professionnels.