Mobilisation pour les filières bilingues en Bretagne

Aux 5 coins de la Bretagne, un certain nombre de mobilisations ont lieu pour le maintien de filières bilingues. A Morlaix, Ploëzal ou encore Languidic, l’UDB est partie prenante…

Les difficultés se multiplient pour les filières bilingues breton-français en cette rentrée 2021. Alors que les collèges Diwan du Relecq-Kerhuon et Plésidy croulent sous les élèves, en raison de nombreuses fermetures ou suspensions de filières bilingues publiques, aucun moyen supplémentaire n’est attribué à Diwan pour faire face à cet afflux.

L’ouverture de la filière bilingue au lycée Tristan Corbières de Morlaix, prévue dans la carte des pôles, avait été annulée, mais pourrait être finalement validée suite à la mobilisation des parents d’élèves et d’élus de tous bords parmi lesquels Christian Guyonvarc’h et Nil Caouissin, de l’UDB, ou encore Christine Prigent, EELV, qui ont manifesté le 31 août.

En revanche, trois filières sont suspendues dans le second degré dans les Côtes d’Armor, à Plouha, Guingamp et Callac, tandis que selon nos informations plusieurs professeurs de breton n’étaient pas remplacé à la rentrée dans des collèges publiques, alors que leur absence était connue avant l’été.

Des difficultés persistantes dans le premier degré

À Ploëzal, dans les Côtes d’Armor, l’unique classe bilingue cumule déjà 7 niveaux, pour 23 élèves.

Malgré le grand nombre de niveaux à gérer pour un seul enseignant, l’ouverture d’une deuxième classe bilingue a été refusée par les services du rectorat. En plus du maire de la commune et de celui de la commune voisine de Runan, qui avaient demandé l’ouverture, trois élus viennent de monter au créneau pour défendre l’intérêt des élèves, dans une lettre à Emmanuel Ethis, recteur d’académie.

Pour Cindirella Bernard (PCF), vice-présidente du département, Marie-Annick Guillou (EELV), conseillère départementale, et Nil Caouissin (UDB), conseiller régional, « le contexte particulier voir extrême d’un d’enseignement multiniveaux à grande échelle de cette classe unique impose de placer l’intérêt des élèves avant les considérations comptables. Comment en effet espérer que des enfants de tant de classes d’âge différentes bénéficient d’une attention égale de la part de l’enseignant, et s’épanouissent dans des apprentissages adaptés à leur maturité ? (…) Le cadre de l’enseignement bilingue nécessite une attention supplémentaire portée à la progression individuelle des élèves, l’acquisition d’une seconde langue ne se faisant pas au même rythme et avec la même aisance pour tous. Par ailleurs, l’usage de la langue bretonne dans les pratiques pédagogiques peut difficilement être le même avec des débutants et avec des élèves ayant déjà six ans de classe bilingue derrière eux. Or, on ne peut demander à un enseignant de parler deux langues différentes en même temps ! Pour que l’objectif de l’enseignement bilingue soit atteint, il est nécessaire de donner les moyens suffisants afin d’offrir les conditions d’un apprentissage digne des attentes des familles et des orientations politiques régionales et départementales. »

À Languidic, les parents ont découvert la fermeture d’un poste à la rentrée. La mobilisation du maire, Laurent Duval et du député Paul Molac ont permis le maintien d’un demi-poste. Insuffisant pour le conseiller régional Gael Briand (UDB) qui a lui aussi écrit au recteur d’académie : «  On aurait pu penser que la crise sanitaire assouplirait les règles permettant de donner un avenir à cette langue (encore) vivante qu’est le breton. Au final, c’est l’inverse qui se produit : l’Éducation Nationale semble profiter de la pandémie pour attaquer l’enseignement d’une langue dont, manifestement, elle ne veut pas entendre parler (…). Malgré une forte demande sociale, le pays de Lorient est très en retard en matière d’enseignement bilingue. L’école de Languidic est fragile et la filière français-breton lui permet de maintenir des effectifs acceptables. Mettre en danger celle-ci risque d’avoir des conséquences non seulement sur le niveau de langue des élèves, mais plus largement sur la filière dans son ensemble, puisque plusieurs parents expriment déjà l’envie d’aller dans le privé sans ce demi-poste nécessaire à de bonnes conditions d’accueil des enfants. Comment, en effet, donner envie à des parents d’élèves si on leur propose des classes de 4 ou 5 niveaux, certaines surchargées ? »

Un fonctionnement à revoir

De multiples cailloux dans les chaussures du recteur, qui doit être bien chargé tant les décisions prises durant l’été suscitent de mobilisations locales. L’UDB qui revendique le pilotage régional de l’enseignement immersif et bilingue estime dans un communiqué qu’« il faut ajouter le non-remplacement de plusieurs professeurs dans le second degré public, non-remplacement volontaire puisque les absences des enseignants concernés avaient été annoncées plusieurs mois avant la rentrée. » Pour le parti, « nous assistons bien à une attaque globale et systématique contre l’enseignement du et en breton, public comme associatif, bilingue comme immersif. Aucun argument du rectorat ne tient. On refuse localement des ouvertures en raison d’un nombre d’élèves insuffisant, mais sans dégager de moyens pour ouvrir des classes là où les effectifs sont trop élevés. »

 

> Ar Skridaozerezh / La Rédaction

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