Élections régionales 2021. Un cap clair pour la Bretagne !

Force est de constater que la Bretagne a changé ces dernières décennies ! D’une « province » marginalisée, elle est devenue un pays qui attire, une destination prisée et mieux encore un endroit où l’on veut habiter. De partout en France, on entend dire qu’il fait bon vivre en Bretagne, qu’elle a su garder un « je ne sais quoi » d’original. Ce « je ne sais quoi », c’est tout simplement notre identité, ce qui nous fait dire « nous » !

Nous mesurons cette chance et, avouons-le, nous en sommes même fiers. Néanmoins, ce dynamisme est d’une telle ampleur qu’il s’accompagne d’une désorganisation du tissu social inédite. L’afflux démographique créé en effet des tensions sur le prix du foncier, sur l’emploi, sur le rapport à la culture. Sans un cap politique fort, ce qui fait notre force pourrait s’étioler, voire disparaître.

Nous nous y trompons pas : l’enjeu de ces élections régionales, c’est donc bien, avant tout, de ne pas rater les virages importants, ceux qui définiront ce que sera la Bretagne de demain. Nous devons être ambitieux et cela suppose de la confiance.

D’abord de la part de l’État envers le Conseil régional de Bretagne. Nous voulons prendre notre part de responsabilité dans la bonne marche du monde, ce dont nous sommes privés faute d’un véritable pouvoir de décision et d’un budget ridicule au regard des enjeux actuels. Notre territoire est amputé et notre institution se résume bien souvent à une chambre d’enregistrement des décisions prises à Paris. Nous pensons pourtant être capables et légitimes pour nous occuper nous-mêmes de nos problèmes ou du moins d’un certain nombre. Il n’y a qu’ainsi que nous susciterons un regain d’intérêt pour la politique par les citoyens : en rapprochant le pouvoir réel.

Cette confiance doit aussi s’exercer par le Conseil régional lui-même envers les pays bretons qui, eux, sont garants de la cohésion territoriale bretonne et d’une société plus égalitaire. La concentration des pouvoirs et des richesses n’est bonne pour personne. Nous devons penser la Bretagne comme une équipe, sortir des logiques de compétitions entre villes pour coopérer et définir l’intérêt général breton plutôt qu’une addition d’intérêt individuels.

Sans cette confiance, comment pourrions-nous répondre efficacement aux crises sociales et écologiques ? Sans cette confiance, comment pourrions-nous transformer le modèle économique dont tout le monde constate – et le premier confinement l’a prouvé – qu’il est une impasse ? Une bonne gestion n’est plus suffisante désormais : l’efficacité n’est jamais au rendez-vous quand les choix ne sont pas clairs et assumés.

Nous ne pouvons d’un côté nous considérer comme les champions de la solidarité internationale et dans le même temps importer le soja qui détruit la forêt amazonienne pour nourrir nos élevages intensifs. Ni déstabiliser les économies africaines en exportant du poulet congelé tout en s’émouvant des réfugiés économiques et climatiques. Si nous participons au désordre mondial, nous devons aussi en assumer les conséquences. En tant qu’écologistes, nous voulons agir à la source, anticiper plutôt que subir.

La Bretagne a une capacité d’intégration exceptionnelle. Marginalisée par un État centralisée, elle a misé sur l’éducation. Cette intelligence collective doit être mise au service du bien commun, d’un développement économique éthique et soucieux des milieux naturels, d’une production de richesses qui bénéficient à celles et ceux qui travaillent plus qu’aux rentiers, d’un respect des identités de chacun, gage d’un vivre-ensemble indispensable.

Pour que « nous » ne soit pas un vain mot, il nous faut un cap clair pour la Bretagne. C’est ce que propose la liste Bretagne d’Avenir portée par Claire Desmares-Poirrier et soutenue par l’Union démocratique bretonne.

 

> Gael Briand

Journaliste. Géographe de formation, Gael Briand en est venu au journalisme par goût de l'écriture et du débat. Il est rédacteur en chef du magazine Le Peuple breton depuis 2010. Il a également écrit « Bretagne-France, une relation coloniale » (éditions Ijin, 2015) et coordonné l'ouvrage « Réunifier la Bretagne ? Région contre métropoles » (Skol Vreizh, 2015). [Lire ses articles]