Des élections vont se tenir prochainement au Pays de Galles. Étant donné la situation au Royaume-Uni en général et au Pays de Galles en particulier, elles vont revêtir une importance capitale. Le Dr Alan Sandry, maître de conférences à l’École de Gestion de l’Université de Swansea et co-auteur du Projet de Constitution Galloise, a accepté de répondre à quelques questions pour Le Peuple breton.
Le Peuple breton : En une période très courte, le Brexit et la pandémie ont causé d’énormes changements dans l’opinion galloise. Vous attendiez-vous à ce que la situation évolue si vite ?
Alan Sandry : Cela a été en effet un peu surprenant. Ceci dit, depuis maintenant quelques années, les gens au Pays de Galles se posaient des questions sur la raison d’être de l’État britannique. Le Brexit a amené la population à penser de manière existentielle, à qui ils sont et à quelles communautés ils veulent être associées. Le leadership médiocre de Boris Johnson et du gouvernement conservateur à Londres ont amené les Gallois à chercher chez eux des solutions à leurs problèmes et leurs préoccupations. C’est ce qui explique pourquoi le mouvement pro-indépendance a reçu autant de soutien.
Comme nous l’avons mentionné précédemment, des élections vont se tenir le 6 mai prochain afin de renouveler les conseils locaux, ainsi que les parlements écossais et gallois. Pouvez-vous nous dire ce qui est en jeu ?
Le Parti Travailliste a été la force principale au sein du gouvernement gallois pendant 20 ans. Ils vont y garder la place prédominante, ce qui veut dire qu’ils formeront le gouvernement gallois, que ce soit seuls ou en coalition. Ceci dit, 51 % des membres de ce parti ont indiqué vouloir voter pour l’indépendance galloise. Leur parti est divisé. Cela implique qu’ils vont se retrouver soumis à d’énormes pressions, à la fois de la part de leurs électeurs, de celle des partis nationalistes comme Plaid Cymru, Gwlad et Propel ainsi que de la part de Yes Cymru pour que se tienne un référendum sur l’indépendance galloise.
Pour les lecteurs bretons, très intéressés, mais pas forcément au courant du fonctionnement des institutions politiques au Pays de Galles, pouvez-vous nous dire combien d’élus du Plaid Cymru sont en poste aujourd’hui que ce soit dans les conseils locaux ou au Senedd (Parlement gallois) ?
Le Plaid Cymru compte 10 membres au Senedd et 202 conseillers dans tout le Pays de galles. Il contrôle 3 conseils locaux (l‘équivalent d’un département). Il a également 3 membres élus au parlement du Royaume-Uni.
Et de combien d’élus auriez-vous besoin pour espérer changer les choses de façon significative ?
Pour gagner l’élection galloise, le Plaid aurait besoin de 31 sièges. Ils ne vont pas y arriver mais s’ils parviennent à maintenir leurs 10 élus, voire à en gagner d’avantage, ils pourront former une coalition avec le Parti Travailliste. Cela les mettra en position favorable pour exercer des pressions.
Le Plaid Cymru vient de publier son manifeste dans lequel il s’engage à transformer la société galloise d’ici 2030 : transfert de pouvoir, vote pour l’indépendance, justice sociale, développement durable, santé publique et éducation, un vaste programme porteur d’espoir en terme de démocratie et d’émancipation du peuple gallois. Que pouvez-vous nous en dire ?
Le Plaid Cymry est un parti de centre-gauche, nationaliste, qui se bat pour l’écologie, la langue et la culture galloises. C’est ce qui est au cœur de leur manifeste. Pour ce qui est des affaires extérieures, ils sont pro-européen et internationalistes. Ils se sont récemment prononcés avec force en faveur d’un référendum pour l’indépendance, en partie à cause des succès de Yes Cymru. Le dirigeant du Plaid, Adam Price, vient d’un environnement ouvrier et marxiste, son père était mineur. Price est un intellectuel, très respecté au Pays de Galles et bien au-delà.
Merci beaucoup Dr Sandry, nous allons suivre le résultat de ces élections avec beaucoup d’intérêt et espérons vivement avoir bientôt des raisons de célébrer les victoires du peuple gallois !
Diolch yn fawr ! Mersi braz ! De mon côté, je suis impatient de recevoir de bonnes nouvelles sur les avancées du peuple breton. Trugarez.