Herri Gourmelen, le militant dévoué et l’honnête homme

Ancien porte-parole, figure de l’UDB durant des décennies, ancien conseiller municipal de Saint-Malo et conseiller régional de Bretagne, Herri Gourmelen est décédé. Ce lundi, ses obsèques auront lieu à cercle restreint, covid oblige. Jean-Jacques Monnier qui a adhéré la même année que lui, en 1965, lui rend hommage. Un hommage plus large sera publié dans les colonnes du prochain Peuple breton (version papier).

Né dans une famille paysanne modeste d’Argol dont il revendiquait souvent l’héritage avec fierté, initié aux cours de celtique du chanoine Falc’hun à l’Université de Haute Bretagne à Rennes, Herri Gourmelen avait de la langue bretonne une connaissance à la fois intime et scientifique. Il excellait dans le breton populaire aussi bien que dans le breton littéraire.

Militant dans l’âme, Herri est entré dès l’âge de quinze ans dans l’action culturelle bretonne aux côtés de son professeur du lycée de Quimper Loeiz Roparz, le grand rénovateur des festoù-noz. Tous ceux qui l’ont entendu chanter de sa voix grave et puissante savent qu’il aurait pu faire une carrière artistique dans le Kan ha diskan et le chant en breton.

Étudiant à Brest puis à Rennes, il a présidé la Jeunesse étudiante bretonne et milité au mouvement Ar Falz. Il rejoint l’UDB à 21 ans en 1965. Il la quitte au moment d’une crise interne (1971). Installé à Saint-Malo où il formera plusieurs générations de germanistes, il demeure très engagé au plan culturel et syndical. Il revient à l’UDB en 1977 et en devient le porte-parole jusqu’en novembre 1994, année où il choisit de passer le témoin. Avec lui, l’UDB parvient à accéder aux grands médias, y compris à la télévision. Grâce à son action, elle s’ouvre largement aussi à la dimension européenne et noue des relations étroites avec les partis progressistes d’autres peuples minorisés d’Europe.

Par ailleurs, Herri Gourmelen excellera dans la recherche du consensus au sein du parti au prix d’un dialogue prolongé. Il fait partie de cette génération de militants qui ont maintenu l’UDB la tête hors de l’eau dans les années 80, une période où tant les départs qu’une situation de fort endettement ont conduit des militants à donner plus que leur temps et leur énergie pour sauver l’outil politique.

Candidat à de nombreuses élections, il est conseiller municipal de Saint-Malo pendant 25 ans. Il mène des listes pour les régionales en alliance avec la gauche alternative, le mouvement breton puis les écologistes, avec lesquels il est élu conseiller régional en 2010. il y préside le groupe des 4 élus UDB. Il n’est pas candidat en 2015, mais soutiendra Jean-Yves Le Drian contre l’avis majoritaire de l’UDB.

En politique, ses talents oratoires et son esprit de synthèse le font remarquer et apprécier. Chez lui, les convictions bretonnes et progressistes s’équilibrent parfaitement. Hors de la scène publique, Herri était une personnalité très conviviale et enjouée, fidèle en amitié, cultivant la camaraderie et la convivialité dans l’UDB comme au dehors. A chaque congrès, le Bro Gozh final, pour lequel il s’improvisait maître de chant, était très attendu!

Pour la Bretagne et le peuple breton, l’action de Herri Gourmelen a été considérable et efficace. Il existe différentes façons, différents chemins pour se réaliser et marquer son territoire et son temps. Herri aurait pu se consacrer à une carrière universitaire dont nul ne doute qu’elle eût été brillante. Il a fait une brillante « carrière » de militant, à la fois culturel et politique, et c’est celle qu’il avait choisie. Une carrière qui a marqué plusieurs générations de Bretonnes et de Bretons. Les hommages qui lui sont rendus depuis son grand départ, tant par le nombre que par les mots choisis, en témoignent.

Lire aussi le communiqué de l’UDB

 

> Jean-Jacques Monnier

Historien, Jean-Jacques Monnier est élu UDB à Lannion.