À Rennes, lundi 22 Juin, place de la République, une quinzaine de professionnels du tourisme et de événementielle se sont réunis pour « sortir de l’ombre ». Cette action s’est déroulée à 10h dans douze villes de France (de Cannes au Mont St Michel, en passant par Lyon et Paris) pour attirer l’attention sur la précarité qui touche les métiers de ces secteurs, encore plus à cause de la crise économique actuelle.
Une action lancée par la FMITEC, « Fédération des Métiers Intermittents, Tourisme, Événementiel, Culture » créée pendant le confinement pour regrouper les métiers intermittents « non spectacle ». Son président, Patrick Pavesi, guide-conférencier sur la Côte d’Azur, a fondé la FMITEC pour que ces métiers soient plus représentés, moins éparpillés et qu’ils aient plus de poids ensemble.
À Rennes lundi, les professionnels présents ont expliqué craindre pour la survie de leur activité. Ils estiment être les oubliés des Plan Culture et Plan Tourisme annoncés par le gouvernement. Pendant le confinement, les salariés français ont pu toucher leur salaire et le chômage partiel, les indépendants l’aide de l’État de 1 500 €.
Mais la plupart des professionnels des métiers du tourisme et de l’événementiel sont saisonniers, vacataires, et ne bénéficient d’aucune aide. Si le déconfinement a permis un retour à la normale, ce n’est pas le cas des acteurs du tourisme et de l’événementiel. Frontières fermées, touristes absents, touristes étrangers qui ne reviendront pas tant que la crise sanitaire ne sera pas terminée, congrès et événements annulés. D’où cette mobilisation ce lundi.
Pour les indépendants, la FMITEC demande la prolongation du fonds de solidarité. Sans perspective de reprise avant le printemps 2021, elle réclame aussi de retrouver le statut intermittent, comme celui des intermittents du spectacle, que la profession des guides-conférenciers avait jusqu’en 2011.
Les saisonniers, vacataires, indépendants réclament le gel des allocations pole emploi et l’intégration de leurs professions dans le Plan d’aide au Tourisme.
Estelle Moser, guide-conférencière sur Rennes depuis une quinzaine d’années est la référente de la FMITEC en Bretagne. Selon elle, « un guide sur quatre envisage une reconversion, on ne peut pas laisser les guides disparaître. »
Jeanne Bréard, guide-conférencière en Ille-et-Vilaine ajoute qu’il faut un report du droit au chômage jusqu’à août 2021, comme pour les intermittents du spectacle. « Nos professions sont proches, eux prennent du temps pour les castings, répétitions, apprentissages de textes et ne sont payés qu’une fois qu’ils montent sur scène, filment ou travaillent à la technique. Nous, guides, c’est pareil, le travail de préparation de nos visites guidées n’est pas payé, pourquoi nous avoir enlevé le statut intermittent ? Il faut nous protéger de crises comme celle que nous vivons actuellement. »
Jeanne est venue, comme les autres participants, avec une pancarte, qui explique brièvement sa situation. « Le but est de montrer que nous sommes en grande précarité, quel que soit nos statuts. Cela permet aux passants de comprendre nos parcours, nos métiers, notre action. »
Basée à Vannes, Hélène Guérin, guide-conférencière, travaille pour une agence en tant que vacataire. Dans les métiers du tourisme et de l’événementiel, il y a une multitude de statuts. Une partie de ses collègues guides sont à leur compte, indépendants, et ont bénéficié de l’aide de 1 500 € mais pas elle, qui est vacataire. Elle explique : « comme beaucoup de guides, je vis de mon métier de fin mars à fin octobre en temps normal. Je fais des visites guidées de villes, des tours en car sur toute la Bretagne et des accompagnements de voyage à l’étranger. Vacataire, j’ai un CDD par mission de guidage, donc, comme la plupart des guides vacataires, je n’ai pas eu le droit de toucher le chômage partiel. On le vit comme une injustice. J’épuise mes droits au chômage, il n’y a pas eu de gel des allocations jusqu’au 11 mai, et au déconfinement, notre activité n’est pas repartie. On est fin juin et toujours rien. »
Et de rajouter « Je suis venue ici aujourd’hui car comme dit le secrétaire d’État au Tourisme Jean-Baptiste Lemoyne, il y a des angles morts. Je ne veux plus qu’on oublie les guides, nous sommes la voix des monuments, ne nous oublions pas, aidons-nous comme les salariés et indépendants ont été aidé ».
Pour l’instant, le sort des guides-conférenciers est toujours à l’étude par le secrétaire d’État. Ce qui inquiète les saisonniers c’est aussi la réforme assurance-chômage, décalée d’avril dernier à septembre, dont les critères d’ouverture de droits durcissent, notamment les six mois d’activité au lieu de quatre précédemment. À cause du coronavirus, les saisonniers et vacataires dans le tourisme, l’événementiel, l’hôtellerie, la restauration, les musées, les châteaux, les offices de tourisme n’auront pas ses six mois.