
L’État français se réveille du confinement 2020 avec l’assassinat filmé de George Floyd aux États-Unis, qui résonne sur les violences policières locales allant croissant ces dernières années. Deux romancières et militantes anti-racistes, Virginie Despentes et Tania de Montaigne, présentent des points de vue opposés sur la notion de « privilège blanc ». Je pense entrevoir qu’elles n’en utilisent pas la même définition, et que prendre en compte la culture politique de chacune permet de dénouer quelques malentendus, donc je vous propose ce petit article autour de ce que le féminisme peut apporter aux luttes anti-racistes (après s’en être bien inspiré).
L’écrivaine féministe Virginie Despentes a fait le 4 juin sur France Inter une lettre ouverte pour pointer du doigt le racisme systémique en France, et en particulier à Paris et en Seine-Saint-Denis. Elle écrit : « Je suis blanche et je sors tous les jours de chez moi sans prendre mes papiers. Les gens comme moi, c’est la carte bleue qu’on remonte chercher quand on l’a oubliée. […] car le privilège, c’est avoir le choix d’y penser ou pas. Je ne peux pas oublier que je suis une femme, mais je peux oublier que je suis une blanche. Ça, c’est être blanche. Y penser, ou ne pas y penser, selon l’humeur. En France, nous ne sommes pas racistes, mais je ne connais pas une seule personne noire ou arabe qui ait ce choix ». Virginie Despente signe là une intervention qui puise directement à sa formation féministe. Elle se comporte comme se comportent les dominants alliés dans son expérience politique. C’est le B.A. BA des hommes pro-féministes : se déclarer allié de la lutte, utiliser sa position privilégiée pour porter la parole sans la voler aux personnes en lutte, trahir sa classe d’assignation en reconnaissant publiquement les avantages fournis par la situation dominante, ne pas chercher à se dédouanner personnellement mais plutôt à épauler efficacement une lutte collective contre une oppression dont on n’est pas directement victime. Elle compare d’ailleurs explicitement féminisme et anti-racisme pour expliquer son attitude réflexe : « Je suis née blanche comme d’autres sont nés hommes. Le problème n’est pas de se signaler « mais moi je n’ai jamais tué personne » comme ils disent « mais moi je ne suis pas un violeur » ». L’influence de sa formation féministe sur son argument va jusqu’aux exemples qu’elle décline, qui mettent au cœur les notions de violences subies, mais aussi de charge mentale, cette notion relativement neuve dans le débat public, utilisée pour parler de l’énergie mentale déployée par les femmes en charge des multiples tâches routinières de fonctionnement d’un foyer, et de l’avantage invisibilisé qu’ont les hommes de ces foyers de ne pas avoir à s’en préoccuper. Nulle part Virginie Despente n’utilise l’expression entière « privilège blanc », mais elle s’adresse à ses « amis blancs » et reconnaît comme évident son privilège dans le fait d’être assignée blanche par les forces de police. La notion de privilège blanc est centrée autour de l’individu et se calcule pour une personne vis-à-vis d’une autre, Elle s’articule facilement avec les influences individualistes anglo-saxonnes, encore une fois en lien avec le féminisme qui se construit avec de fréquents allers-retours théoriques outre-Atlantique.
La journaliste Tania de Montaigne, dans une interview de C politique le 7 juin, s’oppose vivement à ce concept de « privilège blanc ». Ses arguments montrent des influences différentes de Virginie Despentes, bien plus compatibles avec les traditions politiques françaises, et rencontrent un succès certain sur les réseaux sociaux. Elle dit : « Le sujet qui nous intéresse, ce n’est pas de regarder ce privilège qui n’existe pas, mais c’est de constater qu’il y a des gens, en raison de leur couleur, de leur religion, de leur sexe, de leur orientation sexuelle, de leur handicap, pour lesquels l’exercice des droits humains est soit tronqué, soit inexistant ». En posant ceci, elle arrive à mettre la question de la race doublement hors sujet dans la question du racisme : c’est non seulement un faux critère, mais en plus ce critère n’est qu’un parmi d’autres quand la question est l’égalité. Elle recentre sur une « rupture d’égalité » entre citoyens de la république. Son point de vue est articulé autour de l’appartenance citoyenne. L’individu est ici en posture par rapport à un collectif, ce collectif étant spécifiquement situé dans un cadre français. Les effets du racisme y sont analysés comme des mises en dehors de ce cadre collectif désirable. Elle pointe donc tous les mécanismes culturels qui construisent des citoyens comme Autres, excluables et exoticisables, comme dans son livre L’Assignation: les Noirs n’existent pas. Elle explique que la couleur de peau ne fait pas, et ne devrait pas faire catégorie : l’idée d’une catégorie Noire en majuscule ne fait qu’essentialiser la domination sociale.
Pour éclaircir cette opposition entre les deux positionnements, je pense qu’il faut commencer par voir que les arguments de Tania de Montaigne ciblent les autres sens du mot « privilège » que celui utilisé par Virginie Despente. Selon Robert, qui malgré son nom d’homme blanc – Paul Robert on t’a reconnu – est en fait aussi un dictionnaire, quand les francophones parlent de « privilège blanc », ils peuvent parler de trois choses bien différentes : 1. d’un privilège en droit, 2. d’un apanage naturel, ou encore 3. d’un avantage que donne quelque chose. Quand Tania de Montaigne reproche à Virginie Despente l’usage du concept de « privilège blanc », ses arguments ciblent le privilège en droit et l’apanage naturel, mais pas, il me semble, l’avantage que donne quelque chose.
La première lecture de « privilège blanc » est en terme de droit. Dire que les personnes blanches ont un privilège en droit français contemporain est faux. Cela peut aussi être stratégiquement problématique pour les anti-racistes, car cela implique par contraste l’absence de droits civiques des non-blancs, droits qui seraient nuls, faux, non applicables ou pire peut-être, impensés, au moment même où ces citoyens veulent justement pouvoir s’appuyer sur le droit républicain. Tania de Montaigne considère que la stratégie ne devrait donc pas être de donner des droits particuliers aux racialisés, car cela les excluerait de fait du droit commun. Pas de quotas donc, ni de mécanismes compensatoires du handicap social, car cela fonderait en droit ce handicap social (comme, par parité d’argument, les majorations de pensions de retraite de femmes ayant eu des enfants, puisqu’entre citoyens égaux, nous ne devrions pas prendre en compte une assignation au maternage). Une autre lecture du terme privilège en terme de droit est dérivative historique : puisque l’esclavage a été fondé en droit, il existe dérivativement car les descendants de ses victimes en portent encore les conséquences économiques. Cette lecture est souvent critiquée en France comme faisant sens uniquement aux USA, dans un contexte américain où les citoyens noirs descendent massivement d’africains déportés en esclavage. Cet argument de contraste avec la France est très étonnant pour les citoyens français des Antilles et de l’île de la Réunion. Ils ont dû être décolonisés en catimini pendant le confinement sans que nous s’en sachions rien puisque manifestement ils ne font plus partie de l’État français. Il faudra penser à les en informer car ils ne semblent pas au courant non plus. On se demande bien aussi sur quoi se sont construites les grandes bourgeoisies de la façade Atlantique, car les noms de famille des grands propriétaires y sont encore étonnamment semblables à ceux des armateurs du commerce triangulaire. Il y a des avantages patrimoniaux évidents à êtres descendants de commerçants d’humains, ce qui est logique car il n’y a jamais eu de réparation ou redistribution d’aucune sorte après l’abolition en droit de l’esclavage.
La seconde lecture du mot privilège est l’« apanage naturel ». Dire que les personnes à la peau claire ont un apanage ou un avantage socialement naturel est stupide, car rien n’est socialement naturel. Les différences génétiques en taux de mélanine impactent les domaine dermatologiques, les problèmes de sécheresse de peau ou de synthèse de vitamine D, mais nous laisserons ici cette question aux congrès pharmaceutiques et aux industries cosmétiques (sans présumer pour autant que les métiers de la peau traitent leur clientèle également, ni qu’ils ne profitent pas directement du racisme qui est la source principale de revenu pour les terrifiantes industries cosmétiques du blanchiment et du lissage). Le « privilège social blanc » n’est en rien naturel, il est socialement construit et socialement déboulonnable. L’usage de ce terme sous cette lecture, aurait l’effet, souligné par Tania de Montaigne, de « rééditer » un principe de « hiérarchisation des races » à la mode du XIXème siècle. Les races n’existent pas, c’est la société qui nous racialise. Quand quelqu’un est racialisé comme Noir, c’est forcément en contraste avec une autre catégorie est qui est co-construite.
La troisième lecture du mot privilège est celle d’un « avantage que donne quelque chose », cette chose étant en l’occurrence le racisme. Dire que les personnes non-racialisées ont en privilège un avantage personnel et collectif me semble tout-à-fait raisonnable, et comme Virgine Despentes je peux témoigner d’une position de femme identifiée comme blanche que j’ai un avantage social en comparaison d’une femme racialisée. Les personnes racialisées font face à des violences, des représentations, des assignations perpétuelles que je ne connais pas, ou à des degrés nettement moindres. Professionnellement, les femmes racialisées éliminées en interview par d’autres ne m’ont pas fait concurrence et je ne les ai jamais rencontrées comme collègues. Les appartements qui ne leur ont pas été loués m’ont été disponibles et elles n’ont pas non plus pu faire monter les prix de ces loyers de façon à ce que cela soit trop cher pour moi. Dans toutes les situations où nous pouvons être en concurrence, j’ai un avantage blanc à beige dans la mesure où elles sont discriminées spécifiquement pour ne pas l’être. Je peux donc dire que je profite du racisme systémique, passivement certes, mais j’en profite. J’en profite aussi intellectuellement. Quand elles sont occupées à trouver des stratégies pour supporter psychologiquement que quiconque s’arroge le droit de leur demander d’où elles sont jusqu’à la septième génération, moi j’ai le temps de faire autre chose à mon goût et c’est un avantage. Je peux y trouver matière à contrition ou pas, selon mon goût pour ce sentiment, mais mes états d’âme à ce sujet sont tout à fait sans importance pour la société. Il y a donc privilège dans le sens d’« avantage que donne quelque chose ». Cet avantage est-il pour autant blanc, Blanc, beige ou aracial ? Il serait intéressant de savoir ce qu’en pensent les citoyens français à peau claire identifiés par les forces de l’ordre, les employeurs et les services sociaux comme slaves, roumains, rromani ou juifs. Car si le racisme systémique anti-blanc est de l’ordre du fantasme politique, avoir la peau claire ne garantit pas contre le racisme, contre l’assignation féroce à un groupe exoticisé et socialement dominé. L’histoire européenne est extrêmement claire sur ce point. Tous les colonisés à peau claire de l’État français peuvent aussi en témoigner. Le privilège en question est donc, même si la formule choc en pâtit, le privilège des non-racialisés, un « privilège aracial », dans le sens « d’avantage » créé de toutes pièce par une discrimination massive. C’est fondamentalement, je crois, l’argument de Virginie Despentes.
Les mouvements populaires anti-racistes actuels et contre les violences policières appellent les personnes non-racialisées à se positionner comme alliées. Certains appellent à « checker son privilège blanc ». On vient de voir que ce qui est perçu comme blanc est plutôt aracial si on veut pouvoir rendre compte du phénomène raciste en son entier, mais avec cette modification, à quoi cela sert-il de mettre en lumière ce privilège ? Est-ce dangereux ? Pointer le privilège aracial l’essentialise-t-il ? Force est de constater qu’on ne se pose pas les mêmes questions pour les autres luttes sociales. Reprocherait-on à des hommes qui dénoncent leur lourde majorité dans un conseil d’administration de le dire pour maintenir une position de pouvoir sur les femmes incluables ? En quoi cela scelle-t-il l’impuissance de ces femmes ? Reprocherait-on aux personnes qui disent qu’elles ont les moyens pécuniers de se soigner et que la santé devrait être accessible à tous de vouloir en fait se complaire dans une image de « carré VIP » de gens pour qui la vie est plus facile ? C’est littéralement ce que Tania de Montaigne reproche à Virginie Despentes et je pense que cette partie de son analyse est un procès d’intention maladroit. Regardons, à l’inverse, ce que réalise l’absence de mise en lumière du privilège. Le système français propose que chaque citoyen aborde ses concitoyens dans une ignorance totale de son histoire sociale. Je comprends l’intérêt de la chose : en tant que femme je chéris les rares personnes avec qui j’ai des relations indépendantes au maximum de nos assignations respectives. Enfin ! Vivre autre chose ! Grandir, échanger, apprendre ! Faire de l’art aussi, qui consiste à se pencher vers les autres, aller jusqu’à parfois même être un autre en entier pour un rôle de théâtre. Autant j’apprécie ces relations essentielles qui me nourrissent comme stratégie pour mon bonheur, autant je pense qu’elles forment une stratégie politique tout-à-fait nulle. On ne va tout simplement pas pouvoir parler d’une discrimination qui fait système en taisant à qui profite ce système, qui agit chaque jour pour qu’il existe et se perpétue. Dans la proposition « aveugles tous ensemble, ça finira bien par marcher ! », l’impasse est totale sur les intérêts des uns et des autres. On dénonce un racisme sans racistes. On finit par accuser les victimes d’être le problème puisqu’elles seules arrivent à en faire parler, comme si les effets des dominations sociales pouvaient être balayés d’un haussement d’épaules avec un peu plus de bonne volonté. Certes, cette stratégie individuelle peut être relativement efficace pour quelques individus racialisés qui peuvent compenser avec un solide avantage de classe sociale, mais que cela soit accessible pour eux ne remet pas en cause l’existence du système. S’il faut une carte dominante dans une autre catégorie pour y échapper, c’est plutôt le signe de l’implacabilité de la discrimination. Le nier est le fondement du statut-quo global, et c’est justement ce qui, enfin, aujourd’hui, craque.
La critique féministe a une histoire avec ceux qui se disent sortis de la cuisse de l’universel et renvoient les autres à des particularismes marginaux. La blague, on nous l’a déjà faite. L’idée que les hommes auraient des points de vues objectifs, alors que les femmes auraient des points de vue subjectifs, influencés par leur corporéité et leurs particularismes forcément mystérieux, tellement exotiques, valorisables uniquement car exotiques… L’idée qu’eux seraient des artistes touchant l’universel quand nous sommes ramenées constamment aux images de nos corps… Ah ça, la blague, on nous l’a déjà faite et son ressort comique est un « comique » de répétition ! D’un point de vue critique féministe, et encore plus dans un système universaliste français, la prétention à l’exception de particularisme, à l’absence d’origines (tout en exoticisant celles des Autres) est lu sans hésitation comme un signe ostensible de domination. Le réflexe militant est évidemment de renvoyer ces dominants à leurs origines, leurs particularismes, leur entre-soi ethnicisant, pour les priver du privilège grotesque de se penser au centre, ne jamais se penser soi. Oui, les hommes écrivent et pensent d’un point de vue particulier d’homme, ce qui est une expérience particulière comme une autre, et en fait marginale dans le monde. Oui, rares sont les hommes qui arrivent à transcender leurs particularismes masculins pour incarner des points de vues de femmes, pour la simple raison qu’un arsenal culturel entier leur murmure qu’ils sont universels dès le berceau. Pour se parler d’expériences réellement diverses, entre humains différents, il faut pouvoir développer un point de vue situé, et pouvoir reconnaître et dire les particularités de notre point de vue. C’est vrai pour les assignations genrées comme pour les assignations raciales.
Le féminisme a connu une première vague essentialiste, tournée vers une réparation narcissique nécessaire et la construction du sujet Femme, enfin désirable par elle-même. La seconde vague, sur des arguments très semblables à ceux de Tania de Montaigne contre les catégories à Majuscules, a dénoncé cet essentialisme comme enfermant, et comme renforçant in-fine les catégories installées. Mais cette seconde vague s’appuyait sur une proposition d’analyse puissante, inspirée du marxisme et appliquée au féminisme. Il s’agit d’une approche matérialiste, qui propose de regarder en face les intérêt des uns et des autres dans la perpétuation du système. Le matériel culturel, représentations, catégorisations, etc., sont analysées comme autant de tentatives de rationalisations et justifications opportunistes des rapports sociaux existants par les classes et sous-groupes qui en profitent, ce qui prédit d’ailleurs leurs aspects contradictoires. Posons-nous donc les questions qui prennent le risque de changer les choses : à qui cela profite-t-il que des populations soient massivement insécurisées ? Quels sont les effets sur le coût du travail ? Sur la politique du territoire ? Ce travail doit se faire avec une compréhension profonde des intrications des systèmes discriminatoires, classe, sexe, etc. À l’intérieur d’une classe discriminées, qui sont les personnes qui pensent qu’elles s’en tirent somme toute pas mal et quel discours produisent-elles ? Comment sont-elles utilisées par les dominants ? Comment s’articulent sexisme et racisme ? Les commentaires racistes des groupes de policiers publiés sur facebook et qu’on a découvert avec stupeur étaient particulièrement saisissants dans la manière dont ils faisaient marcher ensemble sexisme et racisme. Il est rare de voir émerger des paroles dans le débat public qui lient aussi explicitement la violence de représentants des institutions dirigée contre des hommes noirs, justifiée explicitement par une volonté de régulation d’accès aux corps des femmes. Qu’est-ce que ces policiers, dans ces messages sincères devenus publics, nous disent de ce qu’ils pensent de leurs intérêts personnels à créer vigoureusement la racialisation ? Le comprendre est le travail de tous.
Et les blancs alors ? Comment des personnes sans expérience de racialisation peuvent-elles se positionner en alliées des luttes anti-racistes ? Les demandes semblent contradictoires. Faut-il des alliés qui diraient « Effectivement, le racisme existe et je le sais même de mon expérience vécue de l’autre côté de cette barrière qu’on devrait foutre en l’air », ou bien selon les vœux de Tania de Montaigne lorsqu’elle relate des expériences personnelles du racisme, des alliés qui diraient « J’ai vu ce qui se passe, que ta singularité vient d’être niée, et je la reconnais comme semblable à la mienne, car nous sommes tous plus que nos assignations ». Pour ma part, je vois comment ces interventions sont différentes, mais pas comment elles sont contradictoires. J’ai la peau claire la plupart du temps et je sais que ça m’épargne pas mal de galères. Je veux continuer à jouir de la vie sans être assignée à une race quelconque, et je veux vivre dans un monde où ce serait la situation normale pour tous. Je vois que ce n’est pas le cas. Si je dois me présenter comme blanche, je prendrai cela comme une expérience sociale qui m’aide un peu à comprendre de l’intérieur ce que d’autres vivent. Je saurai que c’est faux, comme chacun sait qu’il n’est d’aucune race, mais je ferai l’expérience d’être réduite à une stupidité si c’est un prérequis pour avancer ensemble. Être perçue comme blanche est après tout clairement ce qui me permet de profiter du privilège aracial. Ça ne m’empêchera pas de dire le racisme quand je le vois performer, ni de dire aux personnes ciblées que je ne suis pas d’accord avec ce qui se passe, et que je reconnais leur singularité, seule chose vraiment universelle.
À propos, j’ai bien vu. Virginie Despentes, quand elle veut s’exprimer sur le racisme, envoie un texte à une radio et son propos est porté par la voix d’un homme (chapeau Madame). Tania de Montaigne, elle, est accueillie en plateau par un présentateur qui trouve qu’elle apporte de la chaleur et la félicite à la fin pour son sourire. Madame de Montaigne, sachez que j’ai vu, et que je pense que vous méritez mieux que cela.