
Malgré les tonnes de désherbants qui les ont arrosés depuis l’avènement de l’agriculture conventionnelle ou industrielle (disons « chimique », c’est plus clair), les coquelicots ne sont pas encore morts…
Autrefois, les coquelicots se voyaient dans tous les champs, ils étaient une des hantises des paysans. Il est reconnu scientifiquement qu’ils sont concurrents du blé. Mais pour nous, militants du mouvement Nous voulons des Coquelicots mis en place en septembre 2018, il est l’emblème du combat contre les pesticides.
Tous les premiers vendredi du mois, nous devrions nous rassembler devant la mairie (ou autre lieu plus adapté) de notre commune à 18h30. À Lanester comme ailleurs, nous n’y serons pas compte-tenu du confinement. Cette décision de l’État est tout à fait normale et compréhensible : c’est une mesure de précaution ! Mais pourquoi ce principe de précaution, inscrit dans la Constitution, n’est-il pas appliqué contre les pesticides ? Vaste sujet ! Leurs défenseurs considèrent que la loi le permet en vertu des études menées par l’ANSES. « Il faut entendre les scientifiques », nous disent-ils. Nous aussi sommes attentifs aux études scientifiques, mais apparemment, ce ne sont pas les mêmes ! Un seul exemple : le glyphosate reconnu cancérigène par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), déclaration rejetée par la FNSEA, les coopératives agricoles et autres négociants, marchands de « produits ».
On nous accuse d’« agri-bashing ». Un peu facile ! Nous n’en voulons pas aux agriculteurs, tout au moins la grande majorité d’entre eux. Nous visons leurs dirigeants qui usent et abusent de ce concept sur le dos des écolos (qualifiés fut un temps de « Khmers verts ») et au détriment des agriculteurs de la base. Pure action de com’ ! Rappelons que plus de 80 % des Français ont une bonne opinion des agriculteurs. Nous visons l’agro-alimentaire, l’agro-industrie et l’agrochimie bien sûr ! Parmi lesquels les Monsanto, Bayer et autres Syngenta, etc. Tous ceux qui font du profit au détriment de notre Santé. Tous ceux qui déclarent la main sur le cœur « La France est le pays de l’agriculture la plus sûre au monde ! ». Bravo si c’est vrai, et prions pour les autres !
Bien sûr que nous ne sommes pas complètement certains que les pesticides soient néfastes dans la mesure où on ne peut jamais être sûrs de rien à 100 % ! Mais il y a depuis longtemps assez de preuves pour appliquer le principe de précaution ! Sachant qu’on ne connaît encore rien des effets du cumul de ces molécules rémanentes, le fameux « effet cocktail ». « Donnez-nous du temps pour changer nos pratiques », nous disent-ils systématiquement. Faut-il encore une fois rappeler les décisions du Grenelle de l’agriculture ? En 2009 a été voté un objectif de réduction des pesticides de 50 % pour 2018. Résultat : + 26 % ! Malgré plusieurs millions dépensés dans les divers plans écoPhyto dont le montant s’élève à 500 millions d’euros.
Autre argument : « Il faut nourrir la planète ». Comment sommes-nous arrivés à empoisonner les gens sous le prétexte de les nourrir. Sommes-nous devenus fous ? Pourquoi s’étonner aujourd’hui de la radicalité du mouvement « Coquelicots » dont la revendication est d’interdire tous les pesticides ? Cela va bien au-delà des ZNT (Zones de Non Traitement) qui ont pour mérite de rassurer les riverains et peut-être de réduire un peu l’air vicié. La volatilité de ces produits n’a que faire d’une distanciation de 5m. C’est vraiment se moquer du monde !
On sait cultiver sans pesticides (de synthèse), les paysans bios en sont la preuve depuis plus de 40 ans. C’est plus difficile, plus exigeant, mais aussi plus valorisant pour le paysan et pour son compte en banque ! Depuis le Grenelle mis en œuvre sous la présidence de Nicolas Sarkozy, tous les gouvernements successifs ont une grande responsabilité dans la situation actuelle. Il est du devoir de la puissance publique d’accompagner efficacement les agriculteurs vers une véritable transition de notre agriculture, au même titre qu’elle a incité les paysans d’après-guerre à adopter le statut d’« exploitants agricoles ». Mais il semble évident que nos dirigeants sont plus attentifs aux lobbies de l’agriculture industrielle qu’aux défenseurs de l’agroécologie…