Alger, an II du Hirak

Les hélicos tournent au-dessus des têtes. Un bruit assourdissant. Mais ils ne parviennent pas à étouffer la protesta qui monte jusqu’aux hauteurs d’Alger. Vendredi 21 février, le Hirak (1) était de retour « comme au premier jour » (Liberté) et plus « vigoureux que jamais » (El Watan).

À la tentative de récupération du mouvement par le pouvoir avec la signature d’un décret présidentiel consacrant le 22 février comme « journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée pour la démocratie », la population a répondu massivement en investissant les grandes artères du centre d’Alger, et de nombreuses autres villes du pays, malgré les barrages filtrants installés dès mercredi aux principales entrées de la capitale. La foule scande « dawla madanyya, machi askaryya » (État civil et non militaire), brandissant les portraits des détenus d’opinions, aux côtés de figures de la résistance pour l’indépendance comme Djamila Bouhired âgée de 85 ans (2).

De retour aussi l’étendard amazigh (3) bleu, vert et jaune que l’on pouvait même se procurer le long du parcours aux côtés du drapeau algérien, sans que personne ne soit inquiété contrairement aux nombreuses arrestations musclées des vendredis précédents, et ce depuis le mois de juin. Sans doute, les forces de l’ordre avaient-elles reçu des consignes d’apaisement dans une ultime tentative d’instrumentalisation de l’anniversaire par le régime. En réponse, les manifestants ont brandi quelques messages cinglants : « le Hirak n’a pas demandé une fête nationale mais votre départ ».

Reléguée en queue de cortège, l’hydre intégriste est toujours présente avec ses slogans habituels mais facilement identifiable et physiquement isolée du reste des manifestants. 53ème vendredi, la flamme de la révolte est toujours aussi vivante face à un pouvoir qui joue la montre. Le peuple algérien, dans toute sa diversité, est plus que jamais mobilisé, en lutte pour ses droits et ses libertés !

 

(1) Le Hirak est un mot qui signifie soulèvement, protestation, rage.

(2) Djamila Bouhired, grande figure de la révolution, condamnée à mort par les autorités coloniales il y a 64 ans et opposante au régime depuis 1962.

(3) Amazigh, mot désignant la communauté berbère en Afrique du Nord.

 

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> Yvonnick Gain

Militant de l’UDB installé en pays de Brocéliande, Yvonnick est originaire d’un petit village du Morbihan, à la limite des pays bretonnant et gallo d’où, certainement, son intérêt pour les langues et les cultures minorisées.