Vers la mi-janvier, M. Jean Cucciniello, directeur de la Centrale de Brennilis, présentait ses vœux aux élus et personnels. L’an dernier à la même époque, comme le rapportait la Presse régionale, il disait que « 2018 [avait] été un grand cru pour la déconstruction de la centrale ».
Peut-être qu’avec le réchauffement climatique aidé par les résidus radioactifs du sol verra-ton un jour Brennilis produire un grand cru vinicole ? Plus sérieusement, qu’en est-il du « cru » 2019 et des projets pour 2020 ? M. Cucciniello a annoncé que le décret de début de chantier devrait intervenir en 2021, pour une durée de… 17 ans au moins. Jusqu’en 2038, si tout va bien !
Un peu surpris aussi de lire que suite aux vœux 2020, un quotidien régional titrait que « bientôt, les visiteurs pourront visiter le cœur du réacteur ». Il y avait de quoi rendre perplexe le lecteur un peu averti de la sécurité dans le nucléaire, sachant que l’enceinte du réacteur est un bâtiment hautement sécurisé, et que le cœur du réacteur lui-même n’est approchable que par des robots. Mais une lecture du corps de l’article nous apprenait que cela se ferait bientôt en visite virtuelle grâce à des lunettes 3D, ce qui n’est pas tout à fait la même chose…
L’an dernier, le directeur signalait aussi l’absence totale de risque de baignade dans le lac, « ce qu’il fait régulièrement l’été ». Il reste à espérer que c’est toujours le cas. Il a tellement plu cet hiver que les sols autour de la centrale ont du être bien lessivés et il faut espérer qu’il n’y a plus d’éléments radioactifs en surface. Rappelons qu’à une époque, comme l’avait à l’époque raconté Le Peuple breton, pendant la déconstruction, les analyses de la Criirad montraient qu’il y avait 1000 fois plus de tritium dans les sédiments en aval qu’en amont de la centrale, 10 fois plus dans les brochets en aval qu’en amont, etc., et que l’on avait même retrouvé du plutonium sur un des chemins proches de la centrale. Sans parler du césium 137 que d’aucuns voulaient faire passer pour du césium venu de Tchernobyl alors qu’il y en avait beaucoup plus que ce qui avait passé en 1986 la frontière française.
En se baignant dans le lac, M. Cucciniello est certes plus courageux qu’un certain Jacques Chirac qui en mai 1990, affirmait qu’on peut rendre un fleuve propre, et que « Dans trois ans, j’irai me baigner dans la Seine devant témoins ! (sic) ». Il ne l’a jamais fait. Mao-Tse Toung, lui, s’était baigné 1h dans le Yang-Tse-Kiang en 1966. Ironie de l’histoire, ça se passait à Wuhan, foyer actuel du coronavirus… Parions que Xi Jinping n’est pas près de le refaire.
Mais revenons à la centrale. Le Télégramme nous explique qu’il « reste donc les structures les plus difficiles et les plus délicates à démolir : l’enceinte de confinement de 56 mètres de haut – dont 12 mètres enterrés – et le bloc réacteur où les barres de combustible ont été enlevées en 1985, mais où la radioactivité reste toujours très forte. On prépare actuellement ce chantier, poursuit Jean Cucciniello. Deux portes blindées vont être percées pour permettre à des robots d’intervenir et de broyer le béton et le métal. Une salle de commande sera installée à l’intérieur de l’enceinte d’où seront guidées, à distance, les machines. »
Ce début d’année 2020 a vu aussi la confirmation que c’est une société américaine du Colorado qui va intervenir sur le site pour faire les prélèvements d’échantillons dans la cuve. Un peu étonnant que la France toujours à la pointe du nucléaire n’ait pas la technologie nécessaire pour le faire elle-même ?