L’Université de Bretagne Occidentale obtient le label « Ya d’ar brezhoneg »

Université Bretagne Occidentale

Le vendredi 15 novembre 2019, Lena Louarn, en qualité de présidente de l’Office public de la langue bretonne / Ofis publik ar brezhoneg, a remis à Matthieu Gallou, Président de l’Université de Bretagne Occidentale, le label de niveau 1 « Ya d’ar brezhoneg », qui reconnaît les efforts accomplis par l’UBO en faveur de la langue bretonne.

Si le breton a toujours eu une place éminente à la Faculté des Lettres et Sciences humaines, du fait de la présence du département breton-celtique et du CRBC, on aurait été bien en peine il y a quelques années, de déceler quelque trace que ce soit du breton dans les autres composantes de l’UBO.

Il n’en a pas toujours été ainsi. Ainsi, Pierre Appriou, qui a présidé l’UBO de 1997 à 2002, s’est montré très sensible à la langue bretonne et a développé une signalétique bilingue, notamment à la Présidence. Hélas, ses successeurs, sans doute accaparés par d’autres préoccupations, ont manifesté moins d’intérêt pour le breton et un changement de charte graphique a entraîné l’éradication de la langue bretonne du campus. Sans que cela ne suscite à dire vrai un émoi considérable dans la communauté universitaire…

Avant son entrée en fonction, l’actuel Président, Matthieu Gallou, s’était clairement engagé en faveur de la langue bretonne. Après un vote unanime du conseil d’administration, la charte a été signée le 20 janvier 2017, sept engagements étant pris à cette occasion :

1/ Réalisation de cartes de vœux (physiques et numériques) bilingues

2/ Possibilité de cartes de visite (physiques et numériques) bilingues proposées aux personnels et promues auprès des personnels

3/ Mise en place d’une signalétique bilingue tant interne qu’externe pour les équipements dépendant de l’Université (pour les nouveaux projets ou renouvellements de signalétique).

4/ Possibilité pour l’ensemble des étudiants de l’Université de Bretagne Occidentale d’avoir accès, sur leur site d’enseignement ou à proximité, à des unités d’enseignement libres de langue bretonne

5/ Recensement des compétences en breton et des souhaits de formation parmi le personnel de l’UBO

6/ Étude auprès des étudiants (connaissance du breton / sensibilité au breton)

7/ Soutien et participation à la Redadeg (course pour la langue bretonne).

Quatre enjeux majeurs avaient été mis en évidence lors de la signature de la charte et ont été réaffirmés lors de la délivrance du label :

  • Affirmer et conforter l’ancrage territorial de l’UBO

  • Prendre en compte l’essor du nombre de jeunes brittophones issus des filières bilingues et immersive

  • Contribuer au respect et à la préservation de la diversité linguistique et culturelle

  • Mieux exprimer l’identité et la singularité de l’UBO et augmenter son attractivité.

En qualité de chargé de mission « langue et culture bretonnes », je me suis efforcé d’œuvrer pour que ces engagements puissent être tenus. Cela n’a pas été chose facile et a demandé beaucoup de temps, d’énergie et de persévérance. L’UBO est une organisation très complexe, avec des circuits décisionnels parfois difficiles à décrypter, même quand on en est membre depuis longtemps, avec une multitude de composantes et de services. Ce qui fait que vous avez affaire à un grand nombre d’interlocuteurs, plus ou moins sensibles à la question de la langue bretonne et qui souvent, renoncent à leur fonction ou terminent leur mandat, sans que vous en soyez nécessairement informés. D’où des fausses notes difficiles à éviter. C’est ainsi que les unités d’enseignement libres de breton permettant aux étudiants de licence de suivre des cours d’initiation ou d’approfondissement du breton ont été par erreur fermées à la rentrée avant d’être réouvertes précipitamment, entraînant une chute du nombre d’inscrits, jusqu’alors en croissance.

Quoi qu’il en soit, l’Office public de la langue bretonne, après avoir réalisé un audit, a considéré que les engagements avaient été tenus entièrement ou partiellement en ce qui concerne l’engagement 2 (cartes de visite et signatures numériques). L’Office a pris en compte également d’autres actions, en particulier, des supports de communication (affiches, objets divers, vidéo en breton…) mettant en valeur la langue bretonne.

L’obtention de ce label n’est pas anodine et va au-delà du symbolique. Elle est une reconnaissance du travail accompli, mais aussi et surtout un encouragement à étendre les actions déjà engagées et à prendre de nouvelles initiatives pour valoriser la langue bretonne. L’UBO est à ma connaissance le premier établissement d’enseignement supérieur, hors structures dédiées à la langue bretonne, à bénéficier d’un label. Espérons que cette reconnaissance fera des émules, notamment à l’Université de Bretagne Sud et à Rennes. L’Université de Rennes 2 a en effet signé la charte « Ya d’ar brezhoneg » en 2019, mais n’est toujours pas labellisée.

Certes, à l’échelle de l’UBO, la place du breton demeure infime et il est difficile de considérer que le combat en faveur du breton suscite une adhésion et un enthousiasme collectif. Il n’en demeure pas moins que ce label est la preuve qu’une dynamique positive s’est enclenchée.

En plus de conforter les actions déjà engagées (notamment en matière de signalétique, qui n’est encore que très partiellement bilingue), l’ouverture de nouveaux chantiers est envisagée, même s’il ne s’agit à ce stade que d’hypothèses de travail, d’autant que 2020 sera une année électorale pour la Présidence de l’UBO. On peut notamment évoquer, parmi les pistes, la formation continue des personnels, la communication officielle de la Présidence pour les invitations à des évènements, la sensibilisation des étudiants à la langue bretonne dès leur arrivée à l’UBO (livrets d’accueil) ou encore une présence du breton sur les supports numériques.

> Ronan Divard

Maître de conférences à l'UBO, Ronan est ancien porte-parole de l'UDB.