Écologie. On voudrait nous faire croire…

algues vertes

On voudrait nous faire croire qu’il y a moins d’algues vertes et qu’on a presque gagné le combat. On voudrait nous faire croire qu’il ne faut pas interdire les pesticides autour des habitations. On voudrait nous faire croire que les enfants nés avec une main en moins, cela n’a rien à voir avec ces mêmes pesticides… On voudrait nous faire croire, mais on n’est pas obligé de le croire.

Il y a quelques mois, certains criaient presque victoire parce que sur certaines plages d’habitude envahies par les algues vertes, il n’y en avait plus. C’était oublier qu’il faisait beau, et que le vent combiné à la marée n’était pas là. Mais l’automne est arrivé, les algues avec. Certains pourront penser que la photo de l’article est une photo du passé. Pourtant, elle est du 14 octobre 2019, jour où comme les jours précédents une longue bande d’algues vertes (mélangées à des rouges, la marée ne fait pas la différence) est venue remplir la plage de Cap Coz à Fouesnant sur des centaines de mètres de longueur, avec des monticules d’algues de place en place. Le problème des nitrates n’est donc pas réglé et ne le sera pas sans remise en cause de certaines pratiques agricoles.

Dans le même ordre d’idée, on voudrait nous faire croire qu’il ne serait pas bon d’interdire les pesticides autour des habitations, comme le demande Daniel Cueff (maire de Langouët) qui a par ailleurs expliqué avec brio sa position devant l’assemblée de « Oui la Bretagne » le 13 octobre à Carhaix (co-organisé par l’UDB) avant de le faire le lendemain 14 devant le Tribunal administratif de Rennes. Ce ne serait pas bon pour les agriculteurs d’ interdire ces pesticides. Et on vous dira aussi que rien ne prouve que les pesticides épandus dans les 150m sont dangereux pour la santé des habitants, la preuve en étant que cela fait des années que les agriculteurs n’hésitent pas à en épandre. Sans problème pour eux ?

Justement non. Pour les agriculteurs, le Dr Jean-François Deleume nous donne son avis. Il est membre du Comité de pilotage du programme régional Santé-Environnement Bretagne, et il pense lui que « les pesticides seraient responsables de 25 000 cas de maladie de Parkinson touchant en particulier les agriculteurs et les ouvriers de l’agroalimentaire » (Le Télégramme 15 octobre 2019) ! De quoi faire réfléchir.

Pas de problème non plus pour les riverains ? On voudrait nous faire croire que le fait que des enfants soient nés avec une main en moins un peu partout en France n’a rien à voir avec les traitements aux pesticides. Soit disant parce qu’on n’a pas réussi à faire le lien. Certes, pour l’instant on ne peut pas le prouver avec certitude, mais on ne peut pas prouver le contraire non plus. Un reportage intéressant de France 3 Bretagne (le 19-20 du dimanche 13 octobre) s’est focalisé sur les différents cas en Bretagne. En particulier, en 5 ans, 6 enfants sont nés avec cette malformation à Guidel, Calan, Inguinel, Le Saint, soit dans un rayon de 20km. Toutes des petites villes à environnement agricole. Une enquête a bien été lancée avec questionnement des parents… sauf que certains des parents non jamais été consultés ! Et c’est à Hervé Gilet, ancien Directeur adjoint de la brigade nationale d’enquêtes vétérinaires et phytosanitaires, que France 3 a donné la parole. En recoupant toutes les infos à sa disposition, il pense qu’il pourrait y avoir un lien entre les lieux d’où sont originaires les enfants (et où leurs mères vivaient pendant leurs grossesses) et l’utilisation plus particulièrement de 2 molécules : un fongicide, de la famille des triazoles, et un pesticide, de la famille des néonicotinoïdes. Si cela était avéré, cela montrerait de plus que les néonicotinoïdes ne sont pas nocifs que pour les abeilles. Et qui fabrique ces molécules ? Pour les triazoles, c’est surtout BASF, pour les néonicotinoïdes, surtout Bayer. Deux noms dont les lecteurs des articles du Peuple breton sont habitués à entendre parler !

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> Christian Pierre

Né en 1949, Christian PIERRE est membre de l'UDB depuis 1977. Très engagé pour la Bretagne, il est très investi aussi dans les Droits de l'Homme, comme à l'ACAT (ONG chrétienne de lutte pour l'abolition de la torture et contre la peine de mort) dont il est animateur du Groupe Quimper-Cornouaille. Il milite enfin pour les droits du peuple palestinien.