Grosse mobilisation pour le Rojava à Nantes

Rojava

Samedi 12 octobre, les militants kurdes sont venus à Nantes de partout en Bretagne pour dénoncer l’invasion en cours du Rojava (Kurdistan de Syrie) par le dictateur Erdogan et interpeller l’État français et la communauté internationale. Au total, plus de 3000 personnes ont déambulé dans la ville.

« Macron, entends-tu le cri des Kurdes ? » La pancarte brandie par une jeune militante de la cause kurde résume à elle seule l’incompréhension qui règne après le retrait des forces armées américaines et l’invasion turque qui a suivie. Alors que les Kurdes ont été le pilier de la guerre contre l’État islamique, voilà que la communauté internationale se désintéresse de leur sort aujourd’hui que la « menace islamiste » paraît s’éloigner. Pourtant, depuis de nombreuses années, des dizaines d’organisation associatives (au premier rang desquelles les Amitiés Kurdes de Bretagne) ou politiques (UDB, PCF, Union communiste libertaire…) alertent le gouvernement sur le fait que le président turc est un allié objectif de Daesh.

Mais comme d’habitude, l’État français refuse de s’attaquer frontalement à un État-nation souverain, quand bien même sa politique ne serait pas démocratique (cf. Espagne). Le dernier communiqué du Ministère des Affaires étrangères sur le sujet date du 7 octobre. Le gouvernement se disait « vivement préoccupé par les informations relatives à une éventuelle opération militaire unilatérale de la Turquie dans le nord-est syrien » et appelait « la Turquie à éviter une initiative qui irait à l’encontre des intérêts de la Coalition globale contre Daech dont elle fait partie ». Depuis, c’est le silence radio, alors même que deux soldats français ont été blessés par les attaques turques dans la région de Kobane.

La guerre est déclarée, mais l’Europe reste silencieuse. Il est temps, pourtant, que nos « diplomaties » osent mettre les pieds dans le plat. Car il faut appeler un chat un chat : Erdogan est complice de Daesh. Il considère que les femmes et les hommes du Rojava sont une menace plus importante que des fondamentalistes islamistes. En attendant, les révolutionnaires kurdes ne prennent les armes que pour se défendre et on ne peut déplorer aucun attentat kurde en Europe.

La manifestation s’est terminé devant le consulat turc de Nantes, consulat protégé par les gendarmes mobiles. Aucun heurt n’a eu lieu.

> Gael Briand

Journaliste. Géographe de formation, Gael Briand en est venu au journalisme par goût de l'écriture et du débat. Il est rédacteur en chef du magazine Le Peuple breton depuis 2010. Il a également écrit « Bretagne-France, une relation coloniale » (éditions Ijin, 2015) et coordonné l'ouvrage « Réunifier la Bretagne ? Région contre métropoles » (Skol Vreizh, 2015). [Lire ses articles]