Quand les insignes de la BAC défrayent la chronique

brigade anti-criminalité

Depuis quelques heures, un modeste tweet de ma part s’interrogeant sur un écusson de la brigade anti-criminalité (BAC) lorientaise se diffuse comme une traînée de poudre. Et pour cause : il représente un sous-marin identifié comme étant un U-Boot, de ceux utilisés par l’armée allemande durant la Seconde Guerre Mondiale. L’occasion de s’interroger sur ce corps de la police. Car ce n’est pas la première fois qu’un emblème de la BAC fait les choux gras sur le net.

Avant tout, il est utile de préciser que cet article n’a pas vocation à considérer les effectifs de la police comme étant un nid de nazis. Cela étant dit, les insignes de la BAC représentent rarement des petits lapins et les « dérapages » – symboliques ou non – de leur part ne sont pas isolés. Créées en 1994 par Charles Pasqua, alors Ministre de l’Intérieur, ces brigades sont régulièrement citées pour leur brutalité.

En ce qui concerne ce choix de U-Boot à Lorient, il est tout à fait possible qu’il s’agisse d’une maladresse. Comme Saint-Nazaire ou Brest, la ville de Lorient est en effet réputée pour sa base des sous-marins. C’est en tout cas ce que souhaite rappeler le secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police FO, François Le Texier, dans le Parisien. Celui-ci prétend qu’il s’agit du Flore, un sous-marin musée bien connu sur la base de Keroman. Mais n’importe qui ayant déjà vu le Flore – et particulièrement un Lorientais – peut affirmer qu’il ne s’agit pas de ce sous-marin. Citons un extrait du journal : « Une explication que balaient plusieurs anciens sous-mariniers lorientais. « Ce dessin n’a rien à voir avec le Flore », assure Michel Scarpellini. L’ex-officier de la Marine nationale connaît bien le sous-marin pour avoir participé à sa restauration avec l’association MESMAT (Musée de l’escadrille des sous-marins de l’Atlantique), qu’il préside. Il est formel : ce n’est pas un sous-marin français sur l’écusson, mais bien un U-Boot reconnaissable à « son allure caractéristique des sous-marins de cette époque ». »

Mais admettons néanmoins qu’il s’agisse d’une maladresse : il suffirait de retirer ce blason et il n’y aurait plus de polémique. Quoique ! En lieu et place d’une enquête administrative auprès de la BAC de Lorient, il serait peut-être opportun de faire une enquête sur les obédiences politiques véhiculées par certains membres de la police. Il est vrai qu’avec un gouvernement qui refuse – malgré des images accablantes – d’admettre les violences policières (l’une des dernières en date ayant mené à un mort dans la Loire, cet été à Nantes), un sentiment d’impunité peut naître dans les rangs de la police, dégradant l’image de toute une profession sur les rotules. Quand la parole se libère, les actes suivent souvent rapidement.

Le Ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, rappelle de temps à autre que les suicides se multiplient au sein de la police, mais rares sont les enquêtes qui expliquent au grand public les raisons de ces suicides. Est-ce réellement l’opinion publique qui pousse de malheureux fonctionnaires à mettre fin à leur jour ? Le silence semble, comme pour l’affaire Steve, un procédé bien commode pour le gouvernement. Ce dernier prétendant gérer la France comme une entreprise a d’ailleurs sûrement lui aussi une responsabilité puisque la pression administrative est à coup sûr aussi puissante qu’au sein du secteur privé…

Si l’événement était isolé, on pourrait sûrement crier à la polémique, mais les insignes de la BAC prônent rarement la paix : aigles, serpents, scorpions, rhinocéros, sangliers, loups, tonfas, menottes, armes à feu, têtes de mort et même Ankou à la BAC de Rennes… difficile de se sentir protégés par certaines brigades qui confondent réalité et films de justiciers ! On est donc en droit de se poser des questions. Peut-être serait-il temps pour l’administration de rappeler quelques règles à savoir que la police doit protéger et non punir ?

> Gael Briand

Journaliste. Géographe de formation, Gael Briand en est venu au journalisme par goût de l'écriture et du débat. Il est rédacteur en chef du magazine Le Peuple breton depuis 2010. Il a également écrit « Bretagne-France, une relation coloniale » (éditions Ijin, 2015) et coordonné l'ouvrage « Réunifier la Bretagne ? Région contre métropoles » (Skol Vreizh, 2015). [Lire ses articles]