Kamel Eddine Fekhar, médecin de 54 ans, militant berbère mozabite (c’est à dire du M’Zab, population des oasis autour de Ghardaïa), berbérophone de rite musulman ibadite (minoritaire), est mort en prison le 28 mai dernier. Son tort ? Avoir défendu les droits humains.
Kamel Eddine Fekhar a milité au FFS et à la ligue des Droits de l’Homme. Il s’est beaucoup impliqué entre 2013 et 2015 lors des évènements sanglants à Ghardaïa quand une cinquantaine de mozabites ont été tués et de nombreux autres emprisonnés lors d’affrontements entre la communauté mozabite et la population arabophone que le pouvoir algérien soutient. Fekhar a fait deux ans de prison et une longue grève de la faim, avant d’être jugé en 2017 et relâché.
Le 31 mars dernier, il a de nouveau été arrêté pour avoir dénoncé dans la presse la répression contre des militants mozabites emprisonnés et accusés « d’atteinte aux institutions ». Il a aussitôt entamé avec son co-détenu une nouvelle grève de la faim dans la prison de Ghardaïa. Malgré les demandes de soin de la part de son avocat, son état s’est vite détérioré. Transféré à l’hôpital de Ghardaïa, puis de Blida, il est mort le lendemain, faute de soins.
Son décès suscite une grande colère de la part des avocats, des militants des droits humains, des militants berbères qui le considèrent comme un détenu politique, et plus largement des Algériens en lutte pour la démocratie depuis le 22 février. Aujourd’hui, 15ème vendredi de manifestations partout dans les villes d’Algérie, les manifestants scandaient son nom et dénonçait un pouvoir assassin. Amnesty international a aussi dénoncé les conditions de son incarcération et demande une enquête indépendante. La lutte sans concession de Fekhar pour les droits politiques, culturels et religieux des Mozabites a été le combat de sa vie.