Hommage à Xavier Grall le 8 février à Vannes

Deux poètes et écrivains ont marqué profondément la Bretagne contemporaine : Glenmor et son alter-ego Xavier Grall.

Si Glenmor fut incontestablement « l’Éveilleur des consciences », Xavier Grall, fils spirituel d’Arthur Rimbaud et de Jack Kerouac et mystique rebelle sublima la Bretagne qu’il porta comme une blessure et une promesse. La complicité de ces deux « chapardeurs d’étoiles et de songes » que sont Xavier et Milig a permis de réinventer et de transfigurer la Bretagne. Leur rencontre à Locquirec en juin 1966 débuta par des préliminaires orageux, mais fut le début d’une longue amitié : « il y eut entre Glen et moi le miracle d’une coïncidence poétique absolue ». Leur rencontre avec l’écrivain, homme de théâtre, Alain Guel, et fin connaisseur de l’histoire de la Bretagne et de la question politique bretonne fut déterminante.

Cette collaboration entre ces 3 hommes, amena en 1970, la création du journal « La Nation Bretonne ». Citons Xavier Grall : « le réel s’imagine toujours, il ne se donne pas comme cela. Le langage humain est d’une infirmité atroce ». Xavier se définissait comme un primitif barbare, celte. Dans Cantique à Melilla, « ce que je recherche, c’est la fastueuse époque des Bardes et des Aèdes ». Hervé Bazin, lui écrivait : « le merveilleux nom qui vous résume doit faire partie d’une haute fatalité ». Ce quêteur éperdu d’idéal en était bien persuadé et puisque ses amis journalistes parisiens (Le Monde, Témoignage Chrétien, La Vie…) le traitait de « sale gueule de Breton ». Il voulut aller jusqu’au bout de son identité, de sa fatalité.

Dans Keltia blues, des fragments inédits d’un pamphlet à un ami journaliste : « Nous sommes définis par les autres. Je n’ai point la tête latine, mais il faut aller jusqu’au bout de soi. J’ai pris le parti d’être Breton avec tous les bonheurs et les larmes que comporte cette identité ». Julien Gracq avait cette belle et juste expression quand il parlait de la Bretagne, « cette province de l’âme ». Xavier Grall fut le barde de cette Bretagne rêvée, sublimée. Il chantera toujours une vision unique et personnelle de son Pays. « Je ne sais pas vivre sans brûler, c’est-à-dire sans excès, sans ferveur. »

Xavier Grall nous a laissé une œuvre très riche qui rejoint l’universel. Il est injustement méconnu car il y a en lui tout à la fois du Villon, du Verlaine, du Rimbaud… Sa poésie fut forte, lumineuse, pleine d’espoir pour les temps à venir. Xavier Grall a su se forger lui-même son langage et créer un univers qui lui est propre.

La sublime musique de sa poésie est magnifiée dans l’Oratorio « L’Inconnu me dévore / an dianav a rog ac’hanoun », qui fut réalisé et produit par l’association Dihunerien en 2007, en partenariat avec l’Institut Culturel de Bretagne et la Compagnie Orphée Théâtre(s). Ce fut le plus bel hommage rendu à ce poète « hors du temps ». Poète et écrivain, le trégorrois Yvon Le Men, considéré comme le fils spirituel de Xavier Grall, nous confiait lors de la création de cet Oratorio : « Xavier a vécu peu de temps sur la terre, beaucoup dans ses cauchemars et dans ses rêves. Maintenant, il vit dans les nôtres ».

Retrouvez quelques extraits de cet Oratorio à Vannes le 8 février. Programme en cliquant ici.

> Michel Chauvin

Président fondateur de l'association Dihunerien, Michel Chauvin a produit plusieurs spectacles avec chorales et musiciens, notamment la Cantate pour la Paix, l'opéra Anne de Bretagne et l'oratorio Xavier Grall.