Présentation du livre « Le choix de l’indépendance en Catalogne » à Perpignan

Le livre « Le choix de l’indépendance en Catalogne. Regards croisés d’acteurs et d’experts » a été présenté à la librairie Torcatis à Perpignan le vendredi 18 janvier. Le travail publié par les Presses universitaires de Perpignan présente une série d’entretiens avec des personnalités du « procès » catalan (parmi lesquelles Carme Forcadell et Carles Puigdemont) et des experts internationaux, coordonnés par deux journalistes, Mireia Domènech Bonet et Krystyna Schreiber.

La première présentation a été faite en présence de l’une de ses auteures et des directeurs de l’IFCT, les Études catalanes de l’Université de Perpignan et des PUP. Le travail des deux journalistes, l’une ancienne étudiante du Lycée de Ceret et résidente à La Jonquera, l’autre, allemande et résidente actuellement à Barcelone, les deux multilingues, a produit un outil précieux – en français et en allemand – pour comprendre la situation politique du processus souverainiste catalan et la répression espagnole aux opinions francophones et germanophones, mal informées ou manipulées par des informations partisanes ou émanant clairement des autorités et de certains médias hispano-français. La matière que nous fournit le travail nourrit à la fois une compréhension plus juste de la réalité et la réflexion d’une question complexe, toujours très actuelle et en attente de résolution. Une référence en français à lire et à recommander pour comprendre le processus catalan.

Fondation de la Crida nacional per la República

Le mouvement politique Crida nacional per la República (l’Appel national pour la république) a été créé samedi 26 janvier pour former une nouvelle plate-forme politique promue par Puigdemont et le PDCat. Il souhaite réunir des personnes et des entités au-delà des partis et s’engage à œuvrer pour la proclamation de la République catalane « par des méthodes exclusivement pacifiques et démocratiques » et lance un appel à l’unité de l’indépendantisme. Il est fondé sur la base de la « pluralité idéologique » et compte déjà quelque 17 000 membres. Il sera présidé par Jordi Sanchez, ancien président de l’ANC, emprisonné.

Provocation de Ciudadanos dans une manifestation illégale

Samedi 26 janvier, la police catalane a été contrainte de protéger une vingtaine de membres et élus de Ciudadanos qui ont organisé une manifestation interdite par les autorités municipales de Torroella de Montgrí, la ville de la ministre de Puigdemont emprisonnée Dolors Bassa. Ils ont été expulsés par des militants antifascistes qui avaient organisé une contre-manifestation de protestation.

Les mensonges du ministre espagnol des Affaires étrangères démentis

Les avocats de plus de 200 personnalités indépendantistes de la région de Girona poursuivies par les tribunaux ont envoyé vendredi 25 janvier un courrier aux ministres des Affaires extérieures de l’UE démentant les mensonges de José Borrell, ministre espagnol des Affaires étrangères, confirmant qu’ils ont été eux-mêmes témoins des violences policières et des blessés. Une professeure et médecin, Núria Pujol Moix, a publié une étude scientifique détaillée sur les plus de 1 000 blessés du fait des brutalités policières le jour du référendum, afin de « neutraliser les fausses informations le 1er octobre, selon les déclarations du ministre Borrell » (voir ici)

La justice espagnole ne garantit pas un procès en catalan

En dépit de l’officialité de la langue et des droits de tous les citoyens d’utiliser le catalan, le Tribunal suprême ne garantira pas aux prisonniers indépendantistes un procès en catalan, selon Jordi Cuixart, président d’Òmnium Cultural emprisonné depuis 15 mois pour l’organisation de manifestations pacifiques en faveur de l’indépendance. Bien que la présence d’interprètes soit prévue, Cuixart indique que les droits de la défense seront lésés par un procès en espagnol qui ne garantit pas l’égalité des conditions. Il redemande que le procès se déroule en Catalogne et en catalan.

L’Espagne s’inquiète de l’intervention du Tribunal de Strasbourg

L’Espagne s’inquiète des recours présentés par les indépendantistes catalans devant le tribunal de Strasbourg qui en 2018 a déjà condamné neuf fois la justice espagnole pour violation des droits de l’homme sur dix recours présentés. Le tribunal européen des droits de l’homme a condamné la Turquie qui a privé de ses droits politiques les Kurdes élus, emprisonnés sans condamnation, exactement la même affaire que cinq députés catalans emprisonnés. Le Tribunal constitutionnel espagnol contrainte d’appliquer les décisions de la justice européenne ne sait pas comment respecter la jurisprudence tout en maintenant indéfiniment les indépendantistes en prison préventive. Le procès contre les dirigeants catalans sera télévisé et se déroulera en présence d’un maximum d’observateurs internationaux et de juristes européens qui surveilleront toute violation du droit de la défense ou toute irrégularité de la procédure.

Forn, candidat aux municipales à Barcelone

Joaquim Forn, ministre de l’Intérieur catalan du gouvernement de Puigdemont lors des attentats djihadistes à Barcelone en 2017 et emprisonné depuis quinze mois pour le référendum sur l’autodétermination, a annoncé cette semaine qu’il serait le tête de liste aux élections municipales à Barcelone pour Junts per Catalunya. Il a reçu le soutien du chef de liste d’ERC, Ernest Maragall, qui est le favori de ces élections, lequel offre une « unité d’action souverainiste pour la démocratie et la liberté ». Il a annoncé que si Forn n’était pas libéré, ils iraient mener la campagne en prison. Pour les partis indépendantistes, il est « fondamental de gagner Barcelone ».

Puigdemont dépose un recours devant le Tribunal constitutionnel pour accéder au tribunal européen

La semaine dernière, Puigdemont a présenté un recours contre le Parlement de Catalogne et son président, Roger Torrent, devant le Tribunal constitutionnel espagnol, lequel avait refusé (comme le lui avait imposé le juge Llarena) de se porter candidat à la présidence de la Generalitat, sans avoir été condamné et jouissant toujours de tous ses droits civils et de député élu. La manœuvre est une mesure « technique » visant à avoir accès au Tribunal européen après avoir épuisé le dernier recours en Espagne. Il a toutefois causé un certain malaise entre les deux partis indépendantistes, rapidement résolu.

Vargas Llosa a démissionné du PEN Club International qui soutient les prisonniers catalans

L’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, fervent anti-catalan et militant anti-indépendantiste, a démissionné avec fracas du PEN Club International (dont il était le président d’honneur) parce que l’entité a apporté son soutien aux présidents des associations Òmnium Cultural et ANC, Jordi Cuixart et Jordi Sanchez, en en demandant la libération ainsi que la fin des poursuites judiciaires à leur encontre. La présidente du PEN Club international, Jennifer Clement, a indiqué que la déclaration était appuyée par l’ensemble de l’entité et par le comité des écrivains emprisonnés, et que la protestation de Vargas Llosa constituait une première en 100 ans d’activité de l’organisme.

> Alà Baylac Ferrer

Contributeur. Maître de conférence à l’Université de Perpignan – Via Domitia (UPVD) en Catalogne du Nord, Alà Baylac Ferrer est spécialiste des langue et culture catalanes. Il est par ailleurs directeur de l’Institut franco-catalan transfrontalier (IFCT). [Lire ses articles]