
Comme une vexation supplémentaire dans la ligne des humiliations permanentes infligées jour après jour par les autorités judiciaires aux prisonniers politiques catalans, le Tribunal suprême a répondu le 27 décembre aux avocats de la défense qu’ils ne pouvaient pas sortir de prison pour passer Noël avec leurs familles. Dans le même temps, l’ouverture du procès contre l’indépendantisme et les ministres de Carles Puigdemont emprisonnés depuis plus d’un an pour avoir organisé un référendum se préparent pour la mi-janvier.
Dans le même message, le juge Manuel Marchena laisse entendre que la demande de Josep Rull, Jordi Turull et Joaquim Forn d’utiliser le catalan au cours du procès ne sera pas acceptée, au motif qu’il n’existe pas de droit à l’utilisation de sa langue maternelle. Toujours sur le front des poursuites judiciaires, un tribunal de Barcelone vient de convoquer, pour le 23 janvier, les directeurs de TV3, Catalunya Ràdio (médias publics de la Generalitat) et la directrice de l’Agence catalane pour la protection des données, dans le cadre de de la procédure à l’encontre des complices du référendum du 1er octobre. Le 28 décembre, le Tribunal constitutionnel, poursuivant sa tâche d’érosion des compétences de la Generalitat, a annulé la loi catalane sur la cybersécurité. Et le gouvernement espagnol a reporté la réforme du financement autonome qui, selon la loi, aurait dû être faite il y a 4 ans.
Madrid ne veut pas répondre au « monologue » catalan
Le vice-président du gouvernement catalan, Pere Aragonès, attend cette semaine une « réponse positive » aux avances réalisées par le président Quim Torra, tandis que Pedro Sanchez qualifie de « monologue » les propositions catalanes et ne prévoit pas de répondre aux 21 mesures du président catalan, parmi lesquels la création d’une commission de médiation internationale indépendante. La réponse du président espagnol vient compléter le discours de Noël du roi Philippe VI. Le président Torra a répliqué en déclarant : « Nous sommes des républicains et l’institution de la monarchie ne nous concerne plus » et que les Catalans ne toléreraient pas « un autre article de 155 » (suspension de l’autonomie). Dans les 21 points présentés à Sanchez, il mentionne le rejet de la « répression » et défend l’immersion linguistique. Il y est également question de la « défranquisation » de l’Espagne et « d’isoler le fascisme » (faisant référence au pacte entre PP, Ciudadanos et l’extrême droite de Vox en Andalousie). Il a également souligné la nécessité pour l’Espagne de « renouveau démocratique » et d’incorporer dans ses paramètres « l’éthique politique ».
Restaurer le fisc catalan et « toutes les responsabilités d’un État »
Le ministre de l’Économie et des Finances a confirmé cette semaine que la Generalitat avait pour priorité, en 2019, de restaurer le fisc catalan supprimé par le gouvernement espagnol lors de la suspension de l’autonomie. À terme le gouvernement catalan prévoit « d’assumer toutes les responsabilités politiques, toutes celles qui sont propres d’un État ».
Concerts autour des prisons.
À l’occasion des vacances de Noël, des milliers de personnes continuent de se mobiliser autour des prisons où sont détenus les prisonniers politiques pour exprimer leur solidarité et leur soutien. Le jour de Noël, en plus des chansons et des concerts, les prisonniers ont répondu en criant depuis leurs cellules aux messages de « Bonne nuit » des haut-parleurs des manifestants. Et l’ancien ministre de la Présidence, Jordi Turull, a échangé quelques mots, très ému avec les manifestants en profitant d’un appel téléphonique avec son épouse. Un twit de l’ancien ministre de l’Intérieur Joaquim Forn, dans la même prison, a déclaré : « Nous ne nous rendrons pas. Aujourd’hui plus que jamais, la liberté c’est de vous savoir de l’autre côté et de savoir que nous ne sommes pas seuls. » Pendant ce temps, sur les réseaux sociaux commencent de circuler des messages demandant à « ouvrir les portes » des prisons.