
Les médias catalans (et même les espagnols) concentrent tous leurs commentaires sur la visite annoncée vendredi 21 décembre à Barcelone de l’ensemble du gouvernement espagnol, se rendant à Barcelone avec un millier de policiers pour les protéger. Une opération qui, selon les commentateurs catalans et le président en exil Carles Puigdemont, est « une véritable provocation ».
Le président espagnol a enchaîné les défis et les attaques contre les partis indépendantistes ces derniers jours comme pour jeter de l’huile sur le feu ou justifier une prochaine intervention directe répressive en Catalogne. Pedro Sanchez a choisi de tenir un conseil de ministres dans la capitale catalane le jour même où il y a un an, Madrid avait appelé à des élections autonomiques après avoir dissous – illégalement – le Parlement catalan, démis et emprisonné le gouvernement de Puigdemont. En outre, le gouvernement socialiste accompagne son déplacement avec un millier de policiers qui reviennent envahir la Catalogne un an après les violences policières contre les électeurs le jour du référendum du 1er octobre. Et comme si cela ne suffisait pas, les ministres espagnols ont répété (cette semaine au Congrès) qu’ils ne négocieraient pas et qu’ils ne parleraient jamais d’un référendum et menaceraient la Catalogne de suspendre son autonomie, en adoptant la ligne dure de l’extrême droite (Vox et Ciudadanos) et des secteurs les plus nationalistes du PP et des socialistes. La communication est doublée par la voix du ministre espagnol des Affaires étrangères, le controversé José Borrell, qui, après avoir provoqué un nouvel incident avec la Slovénie, a déclaré à la radio qu’en cas d’incident ou si la police catalane n’était pas en capacité de maintenir l’ordre public prendrait le contrôle de la police de la Catalogne sans même avoir besoin de l’article 155.
Un prisonnier politique en soins infirmiers
Samedi, au 14ème jour de la grève de la faim, l’un des prisonniers politiques, Josep Rull, a été admis aux soins infirmiers. En même temps que la justice espagnole a réaffirmé qu’elle n’avait pas l’intention de répondre aux demandes des prisonniers, bien qu’ils entament leur troisième semaine de grève de la faim et que leur santé commence à être menacée. Au contraire, cette semaine, on a appris que le Tribunal suprême envisageait de transférer de force des prisonniers à Madrid en raison de la grève de la faim qui retarderait le procès qui devrait s’ouvrir à compter du 18 décembre. Dans une interview publiée dans l’hebdomadaire La República, Raül Romeva, ancien ministre des Affaires étrangères de Catalogne, et Oriol Junquera, vice-président, ont exposé la situation avec beaucoup de clarté et d’encouragement. Le premier prédit que « ce ne sera ni rapide, ni facile, ni indolore, mais c’est irréversible », tandis que le second ajoute que « avec tout ce que nous avons accompli nous sommes plus proches que jamais du but ». Ils sont également convaincus que « nous n’allons pas au procès », ont-il déclaré, « pour nous défendre, nous y allons gagner » et de recommander : « Pour nous, vous ne devriez pas pleurer, vous devez continuer à travailler. »
Des mobilisations pour bloquer Barcelone
Face aux provocations et à la recherche d’humiliation, la société catalane réagit massivement. Les CDR (Comités de défense de la République) et la CUP (Candidatures d’unité populaire) ont lancé un appel à bloquer la Llotja de Mar où doit se tenir le conseil des ministres, Òmnium Cultural, Junts per Catalunya et ERC organiseront des conseils populaires partout dans le pays et l’ANC appelle à bloquer toute la ville de Barcelone avec des manifestations de véhicules. Les syndicats d’étudiants demandent également que les cours soient interrompus en guise de protestation pour la présence des ministres espagnols. Autant de manifestations que les autorités espagnoles sont disposées à réprimer au prétexte de troubles à l’ordre public, comme elles ont commencé à le faire cette semaine avec l’ouverture de procédures judiciaires à l’encontre de manifestants qui ont coupé l’autoroute ou ouvert les péages, et contre la police catalane accusée de ne pas intervenir.
500 députés européens demandent la libération des prisonniers
Le jeudi 13 décembre, au Parlement de Catalogne, en présence du président catalan Quim Torra (qui a fait deux jours de jeûne de solidarité cette semaine), son président actuel Roger Torrent et trois anciens présidents de la chambre catalane, Ernest Benach, Joan Rigol et Núria de Gispert ont accueilli 524 députés et présidents de parlements de toute l’Europe qui ont signé un manifeste appelant à « la libération immédiate et sans condition » de Carme Forcadell, présidente du Parlement de Catalogne emprisonnée pour avoir autorisé un débat sur l’indépendance. Ils dénoncent aussi la violation des droits des prisonniers politiques. Entre autres étaient présents à Barcelone, les présidents des parlements de Flandre, de Corse, des Îles Féroé, du Pays basque, d’Écosse, la vice-présidente du Parlement européen. Parmi les députés européens figuraient José Bové et des élus de 25 pays.
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