La Justice espagnole est une « honte pour l’Europe »

Dans une interview accordée au journal nord-catalan L’Indépendant de cette semaine, Carles Puigdemont, ancien président de la Generalitat et responsable du gouvernement catalan en exil, a qualifié la situation de politiciens catalans emprisonnés et poursuivis par la justice espagnole de véritable « honte pour l’Europe ».

Carles Puigdemont fait le parallèle avec les méthodes de la justice turque à savoir un emprisonnement sans procès, des condamnations pour délit d’opinion et une opposition au régime et à l’État. Ce qui se passe actuellement en Espagne, c’est comme si la Turquie faisait partie de l’Union européenne. Comme pour confirmer cette analyse, quelques 120 juristes espagnols ont signé un manifeste dans lequel ils dénoncent que les accusations de rébellion et de sédition sont utilisées pour attaquer les droits de manifestation, de réunion et de liberté d’expression. Ils soulignent que cela aggrave le discrédit de la justice espagnole et souligne le caractère politique et partisan des procédures judiciaires et des persécutions contre les partis indépendantistes. Et au niveau international, l’ONG Front Lines Defenders a réclamé la liberté de Jordi Cuixart (président d’Òmnium Cultural) et que l’Espagne respecte les droits de l’homme, tandis que la Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatovic, a demandé aussi de l’Espagne plus respect des Droits de l’Homme. Au cours de la semaine, on a appris que l’humoriste espagnol Dani Mateo était poursuivi par les tribunaux pour s’être mouché dans le drapeau espagnol dans l’un de ses sketches.

Le président du Parlement en Corse

La semaine a également été marquée par la visite du Parlement Roger Torrent en Corse, où il a été reçu par le président de l’éxécutif, Gilles Simeoni. Il est allé remettre le prix Coppieters à Edmond Simeoni, leader historique de l’autonomisme corse. Et il en a profité pour souligner le fait que l’Espagne mène une « vengeance politique contre les Catalans » à travers les poursuites judiciaires.

Dans la dernière ligne droite avant l’ouverture des procès contre les indépendantistes catalans, la justice tente d’accélérer les procédures, tandis que la défense des prisonniers dénonce la violation des droits des accusés : manque de temps pour préparer leur défense, partialité des magistrats et jugement des Catalans en dehors de la Catalogne.

Les partisans de l’indépendance en hausse

Les derniers sondages sur les intentions de vote aux élections montrent une augmentation des intentions de vote pour ERC (Esquerra Republicana de Catalunya) qui pourrait remporter les prochaines élections en Catalogne. Dans la perspective d’un référendum sur l’indépendance, les électeurs de Catalogne favorables au « Sí » sont en augmentation et atteignent plus de 60 % des suffrages exprimés. Avec la préparation des élections européennes, le PCF – à la demande des élus de Catalogne Nord – a décidé symboliquement de réserver sur leurs listes une place pour les prisonniers politiques catalans, en même temps qu’ils ont officiellement demandé leur libération. Cette semaine, des élus communistes de Catalogne Nord rendent visite aux indépendantistes emprisonnés. En même temps, à Madrid, Ciudadanos fait une campagne itinérante (en bus) contre les prisonniers catalans et demandent leur condamnation et ainsi qu’une loi qui leur interdise toute amnistie.

> Alà Baylac Ferrer

Contributeur. Maître de conférence à l’Université de Perpignan – Via Domitia (UPVD) en Catalogne du Nord, Alà Baylac Ferrer est spécialiste des langue et culture catalanes. Il est par ailleurs directeur de l’Institut franco-catalan transfrontalier (IFCT). [Lire ses articles]