« Un « épouvantable » complot secret visant à affaiblir l’Écosse au sein de l’Union européenne a été révélé ». C’est le titre du quotidien écossais The National à la date du 18 septembre 2018. En cause : l’attitude des Tories (conservateurs) lors des négociations sur le Brexit avec l’Union européenne, négociations qui ruineraient « les intérêts de l’Écosse ».
Le Brexit est un casse-tête infernal où chacune des parties essaie de remporter le morceau. Mais on sait aussi que le Royaume-Uni ne parle d’une seule voix qu’à Bruxelles. Outre-Manche, les Écossais sont furieux depuis la publication de notes obtenues par le Times. L’Union européenne accepterait une frontière irlandaise sans friction après le Brexit, à l’aide de « solutions technologiques » minimisant les contrôles douaniers entre l’Irlande du Nord et la République irlandaise. The National explique : « Dans le cadre du plan de l’UE, les marchandises seront suivies à l’aide de codes à barres sur les conteneurs d’expédition dans le cadre de systèmes « trusted-trader » gérés par des sociétés enregistrées ». Rien de choquant si cela peut permettre à la république d’Irlande et à l’Irlande du Nord de maintenir des liens. Mais le gouvernement écossais se sent floué : l’Union européenne aurait, à la demande du gouvernement britannique, rédigé sa proposition pour empêcher le SNP d’exiger un accord similaire pour l’Écosse. La note est très claire : « La solution est spécifiquement formulée pour l’Irlande du Nord de sorte qu’elle ne s’applique pas à l’Écosse. Une préoccupation pour le Royaume-Uni ».
La Première Ministre d’Écosse, Nicola Sturgeon, a déclaré que tout accord permettant à l’Irlande du Nord de rester effectivement dans le marché unique doit être proposé à l’Écosse. Sur twitter, en décembre dernier, elle écrivait : « Si une partie du Royaume-Uni peut conserver son alignement réglementaire sur l’UE et rester effectivement dans le marché unique, ce qui est la bonne solution pour l’Irlande du Nord, il n’y a certainement pas de bonne raison pratique pour que d’autres ne le puissent pas ».
Le ministre écossais pour le Brexit, Michael Russell, est furieux lui aussi : « Il semble maintenant que le Premier ministre et sa Brexit team ont également conspiré à huis clos pour tenter de persuader l’UE de ne pas écouter les cinq millions de citoyens européens vivant en Écosse, dont la majorité ne veulent pas partir », a-t-il déclaré à The National.
Boris Johnson, de son côté, a estimé que la proposition technologique de l’Union européenne pour la frontière irlandaise signifierait que l’Irlande du Nord serait « annexée » par Bruxelles. De même, le DUP (parti unioniste d’Irlande du Nord) n’appuiera aucune proposition qui implique un système de réglementation et de contrôle différent en Irlande du Nord et dans le reste du Royaume-Uni. S’adressant à la BBC, Theresa May a dit que « le peuple d’Irlande du Nord mérite d’être écouté… La seule proposition qui a été faite pour leur éviter d’avoir une frontière aussi dure et pour s’assurer que nous n’allons pas découper le Royaume-Uni, c’est le plan Chequers. » Pour elle, il n’y a que deux options pour le Brexit : son plan Chequers ou s’écraser hors de l’Union sans accord. There is no alternative toujours… Quid de la réunification des deux Irlandes ?