
Le lundi 9 juillet, un « dialogue » a été entamé entre le président catalan et le président espagnol lors d’une réunion des deux présidents à Madrid. Il faudrait plutôt parler de premier contact politique dans un contexte qui continue à réprimer l’indépendantisme.
Malgré les gestes du nouvel exécutif de Madrid – ouverture d’une discussion et transfert des prisonniers catalans en Catalogne – les autorités espagnoles maintiennent la répression judiciaire et le refus de traiter de l’audétermination des Catalans. Les dirigeants indépendantistes catalans sont encore emprisonnés sous des accusations de « rébellion » qui peuvent leur valoir jusqu’à 30 ans d’incarcération, le procureur espagnol a confirmé les accusations (même les commandants de la police catalane sont accusés « d’appartenance à une organisation criminelle ») et le juge Pablo Llarena a ordonné la suspension de l’élection de 6 prisonniers et exilés catalans (ce mardi 11 juillet). Le seul petit pas consiste en la reconnaissance par Pedro Sanchez du caractère politique du conflit. De son côté, le président catalan et les dirigeants politiques ont réaffirmé leur objectif de parvenir à une indépendance effective après la déclaration de la République le 27 octobre 2017 et le référendum du 1er octobre.
Torra ne cède pas et les socialistes sont obligés de l’écouter
Alors que la crise est encore loin d’une solution, le président Torra n’a pas cédé aux pressions et continue d’exiger une résolution de la crise sous forme de référendum (accordé avec l’Espagne). Les socialistes n’ont pas pu empêcher la discussion d’être posée en termes politiques et ont été forcés d’écouter les revendications catalanes. La réunion n’a pas abouti à des résultats mais les indépendantistes catalans ont exprimé leur conscience que le conflit qui dure depuis tant d’années ne peut être résolu par un seul échange de point de vue de 2h. Dans la perspective d’une deuxième réunion – à l’automne à Barcelone – l’exécutif espagnol se rapprochera de décisions déterminantes : soit il alimente la crise ouverte comme l’a fait Rajoy, soit il commence à avancer vers une résolution du problème. Le contexte de la rentrée devrait à nouveau faire monter la pression nécessaire et la confrontation entre l’Espagne et la Catalogne : manifestation annoncée le 11 septembre pour la fête nationale, imminence des procès politiques contre les indépendantistes.
Les bases respectives font pression chacune de son côté
Depuis les bases respectives, les pressions se sont intensifiées à l’occasion de la rencontre des deux présidents. Les Espanyol – PP, Ciudadanos, certains socialistes – critiquent durement Sanchez accusé de céder aux indépendantistes, alors que les partis indépendantistes réclament la mise en place de la République, et même la CUP qualifie de « trahison autonomiste » le dialogue du Gouvernement catalan avec Madrid. Le premier signe d’ouverture, est sans doute l’acceptation du gouvernement espagnol de relancer les relations bilatérales avec la Generalitat, preuve qu’il existe effectivement un problème à résoudre. Les commentateurs ont souligné la nervosité du gouvernement espagnol, de sa porte-parole lors de la conférence de presse après la réunion, qui contraste avec la sérénité et la fermeté du président catalan.
Autres nouvelles – télégraphiques – de la semaine
Le rappeur Valtònyc (condamné à deux ans et demi de prison pour les paroles de ses chansons) en exil en Belgique est objet d’une demande espagnole d’extradition pour « terrorisme ». Plusieurs députés breton, corse, alsacien dénoncent à Paris « l’emprisonnement inadmissible et l’exil des politiques catalans ». Le résident du Parlement de Catalogne Roger Torrent a dénoncé devant la Francophonie la répression politique à laquelle sont soumis les indépendantistes catalans. Le magistrat Llarena demande le paiement d’une caution préventive de 2,1 M € (dans un délai de 2 jours) par les prisonniers et exilés catalans sous peine de voir saisis leurs biens familiaux ; Òmnium Cultural et l’ANC (avec une campagne de solidarité expresse) avance la somme réunie en quelques heures. Ouverture d’une nouvelle enquête de la justice espagnole contre le gouvernement catalan pour malversation pour le référendum du 1er octobre. Instructions du gouvernement espagnol au corps diplomatique pour généraliser partout l’intervention controversée de l’ambassadeur aux États-Unis contre le président de la Generalitat dans ses actions à l’étranger. Nombreuses manifestations de soutien aux prisonniers catalans rapatriées cette semaine de Madrid en Catalogne, mais désormais emprisonnés sous l’autorité du gouvernement catalan… Le juge Llarena confirme l’accusation et le procès contre les exilés (procédure entachée d’irrigularités pour ne pas avoir communiqué les poursuites aux accusés, selon les avocats de la défense). Puigdemont et la Generalitat s’organisent pour que le président puisse jouir de ses prérogatives d’ancien président: escorte et bureau. La femme accusée de « terrorisme » pour lever les barrières d’un péage avec les CDR se voit refuser par les juges espagnols l’autorisation de quitter la municipalité pour rendre visite à sa mère malade…