Le collectif contre les violences d’État Désarmons-les vient de mettre à jour « le nouvel appel d’offre pour l’acquisition de grenades et de moyens de propulsion pour les besoins de la Gendarmerie et Police Nationales ». Un appel d’offre validé le 22 mai 2018 par le service de l’achat, des équipements et de la logistique de la sécurité intérieure (SAELSI) pour une valeur de 17 544 153 euros. L’une des usines fabriquant ces grenades est en Bretagne…
Des grenades pour tous les goûts : fumigènes, fumigènes lacrymogène, assourdissantes. De tous les calibres. Il faut dire que Nobel Sport, l’une des entreprises qui vient de remporter cet appel se targue d’être « riche de trois siècles d’expérience dans l’élaboration de poudres » et comme « le premier fabricant européen de poudres de chasse et de tir ». Nobel Sport « fabrique et commercialise une large gamme de produits pour le maintien de l’ordre ». L’entreprise va jusqu’à dire que sa production apporte « plus d’efficacité et de sécurité de fonctionnement aux forces de l’ordre et des armées ». Un commerce juteux.
Plutôt de mauvais goût après qu’un manifestant ait eu la main arrachée en cherchant à repousser une grenade à Notre-Dame-des-Landes. « Une commande qui vient à point nommé en tous cas pour renouveler le stock bien entamé des 11000 grenades tirées à NDDL », rappelle le collectif Désarmons-les. Le Peuple breton a déjà dénoncé le sur-armement de la police et s’insurge contre cette commande qui augure de nouvelles violences. En novembre dernier, il relayait l’étude de l’ACAT sur le matériel utilisé par la police. Un matériel dont on oublie bien sûr qu’il fait vivre des gens, comble du cynisme quand on sait que cet argent (ici 17 millions pour une seule entreprise) pourrait financer d’autres pans économiques et donc d’autres ouvriers.
Visiblement, bien que le siège social de l’entreprise soit à Paris, il semblerait que l’usine produise à Pont-de-Buis-lès-Quimerch. Ces armes seraient donc fabriquées en Bretagne. Et elles servent et serviront dans des manifestations le plus souvent pacifistes. Plutôt qu’un sentiment de sécurité, les cars de CRS dans les villes comme Rennes ou Nantes instillent la certitude qu’une menace guette. Or, rappelons que toute violence naît d’une négation, d’une surdité, d’une absence de dialogue.
Il n’est pas angélique de dire qu’en renforçant les services (y compris de la police) plutôt que l’armement, la paix sociale sera mieux assurée. Visiblement, l’État choisit la confrontation…