La capitale catalane a célébré une des ses fêtes nationales, la Sant Jordi, patron de la Catalogne, dans un climat particulier de tension politique et de soutien aux prisonniers politiques.
Lundi 23 avril, des milliers de Catalans se sont promenés toute la journée entre les milliers de stands de livres et d’éditeurs de toutes les villes et villages du pays pour trouver le meilleur titre à offrir. Cette Sant Jordi –Saint Georges– avait cette année une tonalité particulière. La fête nationale, de la culture, des livres et des amoureux –l’équivalent de la saint Valentin– s’est teintée de jaune relayant ainsi la revendication de la société catalane : « llibertat, presos polítics » (liberté pour les prisonniers politiques). La consigne des associations souverainistes ANC (Assemblée nationale catalane) et Òmnium Cultural qui comptent chacune plus de 500 000 adhérents avaient appelé à choisir cette année d’offrir des roses jaunes.
Pendant toute la journée de Sant Jordi (qui n’est pas un jour férié), de 9h du matin à 10h du soir, quelques 7 millions de roses et 1,5 millions de livres ont été vendus (un chiffre d’affaire évalué pour l’édition à quelques 22 millions d’euros). Des centaines de milliers de personnes ont arpenté les allées des milliers de stands de livres (plus de 2 000 dans les rues de la seule capitale catalane), d’éditeurs, des dizaines d’écrivains qui ont dédicacé leurs œuvres toute la journée.
La symbole de la légende de Sant Jordi, le preux chevalier qui sauve la princesse et terrasse le dragon, est particulièrement adaptée cette année à la situation politique de la Catalogne. La fête du livre et de la rose, lancée à la fin du 19ème siècle et qui a connu jusqu’à aujourd’hui un succès sans précédent en Catalogne, est un mélange de fête civique, de revendication nationale, de soutien à la culture et aux livres, ainsi que l’occasion de manifester une attention particulière à son conjoint en offrant livres et roses. L’édition 2018 évidemment est interprétée et vécue cette année de manière très politique et nationale : le jaune des fleurs pour les prisonniers, Sant Jordi –la Catalogne– qui finit pas terrasser le dragon –l’oppresseur espagnol. Le monde de l’édition et des livres restent cependant l’élément clé de la fête qui cette année encore montre le dynamisme et la bonne santé des lettres catalanes : plus de 300 titres publiés depuis le début de l’année par quelques 80 maisons d’édition (voir ici).