Succès de l’initiative citoyenne pour la protection des langues et des minorités

L’initiative européenne « Minority Safepack », lancée par la FUEN, a atteint son objectif d’un million de signatures. Celle-ci pourrait déboucher sur une procédure législative européenne (du Parlement ou du Conseil). Une réussite qui intervient au moment où le gouvernement prétend valoriser la « diversité linguistique »… en relançant la francophonie !

Cette initiative demandant la défense et la promotion de la diversité culturelle et linguistique rejoint 4 autres initiatives couronnées de succès : l’interdiction du glyphosate et des pesticides, la demande que l’eau soit un bien commun, l’interdiction de la vivisection, et l’interdiction de destruction d’embryons humains pour la recherche. En ce qui concerne « Minority safepack », les militants de la langue bretonne espèrent quelques cadres juridiques européens permettant de contraindre l’État français à reconnaître et à valoriser la diversité linguistique sur son sol.

La pétition a rempli complètement ses objectifs en collectant 771089 signatures en ligne et 444790 sur papier selon le président de la FUEN, Loránt Vincze, qui a remercié chaque citoyen européen l’ayant signé : « vous êtes les messagers de 50 millions de personnes appartenant à une minorité nationale ou à un groupe linguistique en Europe ». Onze État ont contribué particulièrement : la Roumanie avec près d’un tiers des signatures totales (303695), la Slovaquie (57890), la Hongrie (569813), la Lettonie (8252), la Croatie (18884), l’Espagne (53772), le Danemark (12194), la Bulgarie (25691), la Lituanie (20284), la Slovénie (6895) et à la toute fin de campagne, l’Italie (60545). Fort de ce million de signatures, la FUEN a demandé à entamer le dialogue avec la Commission européenne pour définir un cadre de protection des minorités.

Le collectif Ai’ta !, qui a été le principal acteur de mobilisation en Bretagne, s’étonne de n’avoir « découvert que par hasard cette initiative, restée jusque-là entre les mains d’organisations normalement mandatées pour la promouvoir ». Et d’expliquer : « Nous avons donc eu très peu de temps pour prendre l’initiative, mobiliser et solliciter le monde associatif et politique breton. Ces derniers ont toutefois répondu présents à nos appels et nous remercions vivement tous les acteurs ayant relayé et diffusé massivement l’information. » Le collectif s’étonne de l’incapacité à récolter plus de 9000 signatures en France et estime nécessaire de « fonder un nouvel outil dédié à la langue bretonne pour rassembler l’ensemble des acteurs de la langue bretonne afin de gagner en efficacité et de peser ensemble à la fois sur les décisions en Bretagne mais aussi au niveau de l’État et de l’Europe ». Il constate aussi que « seul des médias régionaux ont relayé l’originalité de l’initiative, et force est de constater qu’aucun média national télévisuel, radiophonique et de presse écrite n’a étudié ce texte européen qui pourtant est fondamental pour la démocratie citoyenne. Cela pose vraiment la question de l’ultra-centralisation des pouvoirs médiatiques à Paris, si loin des aspirations des peuples minorisés de l’Hexagone. »

Il faut désormais attendre 3 mois pour que le dossier bouge. En sachant qu’elle peut être invalidée par la Commission, voire rejetée. Il ne fait guère de doute, vue la tournure actuelle en France ou en Espagne, que cette initiative ne sera pas respectée. Mais la pression s’intensifie…

> Ar Skridaozerezh / La Rédaction

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