Une réunion publique avait lieu ce mercredi 4 avril à Châteaubriant, pour faire le point sur l’avenir de la lignes Rennes-Châteaubriant.
Le maire de Châteaubriant a ouvert la réunion, affirmant l’importance de la ligne pour les habitants de la ville et fustigé ceux qui ont « laissé la ligne à l’abandon », rappelant qu’« aujourd’hui, on met autant de temps pour aller de Châteaubriant à Rennes que pour aller de Rennes à Paris ». Il a également annoncé un engagement d’un million d’euros de la Communauté de commune de Châteaubriant mais a exprimé « un doute » sur la participation de SNCF Réseau et de l’État.
Philippe Rajalu, président de l’ACCRET, a souligné « le ferme engagement de tous les élus du territoire pour conserver cette ligne », mais a aussi déclaré avoir « des raisons de s’inquiéter » et de se mobiliser. S’en est suivit un historique montrant que les prévisions de travaux du plan Lignes Nouvelles Ouest Bretagne Pays de la Loire (adaptation à l’arrivée de la LGV à Rennes) n’avaient rien prévu pour la ligne Châteaubriant-Rennes, alors même que la vitesse passait de 70km/h à 40km/h en raison de la vétusté de la ligne et que les grilles horaires se dégradaient en conséquence. « Aujourd’hui, la ligne ne répond pas aux besoins ! Si elle le faisait, les chiffres de fréquentation seraient bien meilleur. » Un point important à avoir en tête suite au rapport Spinetta, qui conseille la fermeture des lignes peu fréquentées…
Ainsi, selon les chiffres de la SNCF, la fréquentation a connu une hausse de 30,33 % en seulement deux ans, de 2013 à 2015, passant de 384 000 à 551 150 voyageurs. Mais suite à la dégradation des horaires, le nombre de voyages a été divisé par deux, avant qu’une fermeture « temporaire » entre Retiers et Châteaubriant n’intervienne. La réouverture, prévue pour août 2018, est pourtant repoussée par la SNCF en raison de l’absence de travaux de rénovation. De son côté, SNCF Réseau « fait le forcing » pour dissocier le tronçon nord (Retiers-Rennes) du tronçon sud (Retiers-Châteaubriant) dans la programmation des travaux. Autres problèmes cités, sur le tronçon encore ouvert entre Rennes et Retiers, « des incidents fréquents, un matériel roulant dégradé et de sous-calibré », des difficultés matérielles fréquents : « une voiture au lieu de trois en heure de pointe », par exemple… Ces difficultés expliquent logiquement la chute de la fréquentation : « Les scolaires prennent le car, les autres prennent leur voiture ».
Suite à cet exposé, Philippe Rajalu a demandé non pas seulement une remise en état, mais une modernisation pour réduire le temps de trajet vers Rennes et Nantes, et permettre à la ligne de retrouver un certain attrait après des années de vétusté. Le budget actuel des travaux de remise en état est estimé à 42 ou 43 millions, engageant plusieurs collectivités, mais sans aucune prévision de mise aux normes d’exploitation : « dès 2025 la ligne ne serait donc plus aux normes en raison de l’automatisation prévue en gare de Rennes ! », alerte le président de l’ACCRET. Les financements régionaux couvrent 80 % du budget prévisionnel. Or ces travaux, insuffisants pour assurer une desserte performante, ne sont même pas garantis : il manque tout de même 8 millions d’euros… En plus de l’annulation possible de la participation de l’État et de SNCF Réseau, d’autres financeurs, dont Rennes-Métropole, envoient des signaux peu encourageants.
Contrairement aux idées reçues, la population concernée est nombreuse : « La zone desservie compte 60 000 habitants, avec une zone métropolitaine, une zone urbaine, une ville centre sur la ligne », et « un fort potentiel de développement : une étude montre que la ligne pourrait doubler sa fréquentation », et SNCF réseau affirmait en 2014 que cette ligne pourrait connaître la meilleure hausse de fréquentation de l’ensemble du réseau autour de Rennes. Sans parler de la possibilité de relier plus rapidement Rennes à Nantes via Châteaubriant…
Pour élargir la discussion, Patrick Anne a rappelé l’intérêt environnemental du TER (6 fois moins consommateur d’énergie que la voiture individuelle), l’avantage de la régularité, de la sécurité, de la possibilité de travailler ou de se reposer durant le trajet. « Une amélioration des liaisons ferroviaires permettrait aussi de décongestionner la rocade autour de Rennes » alors qu’une fermeture rallongerait les bouchons. D’après une étude européenne, 30 % des usagers se reportent sur la voiture individuelle en cas de fermeture de lignes. L’ACRRET estime ce taux à 38 % pour la ligne Châteaubriant-Rennes suite à une étude auprès des usagers. À méditer à l’heure où la France échoue à tenir ses engagements en matière de lutte contre le changement climatique…