Revitalisation des centres-villes. 13 communes bretonnes retenues.

Commandé par le président de la République en janvier dernier, le « rapport Marcon » a été rendu en mars au gouvernement. Il a pour titre « Mission prospective sur la revitalisation commerciale des villes petites et moyennes ». Un rapport qui intéresse au plus haut point la Bretagne et son fameux « polycentrisme »…

Les noms des 222 communes petites et moyennes pouvant bénéficier du plan gouvernemental de 5 milliards d’euros pour la revitalisation des centres-villes viennent d’être dévoilés par le ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard. Pour la Bretagne, il s’agit de : Quimper, Morlaix, Lannion, Lorient, Saint-Brieuc, Pontivy, Vannes, Saint-Nazaire, Redon, Chateaubriant, Vitré, Fougères, Saint-Malo. Au total 13 communes.

Le rapport de M. André Marcon commence par dresser un constat juste : « De nombreux centres de villes moyennes sont aujourd’hui en danger, avec une baisse de la population, un taux de vacance commerciale croissant et une paupérisation des centres. » Dans la partie enjeux, objectifs et perspectives, le rapport souligne ensuite un certain nombre de paradoxes modernes : « Développement du e-commerce mais attentes croissantes de services de proximité, appétence pour les produits du terroir achetés chez le producteur mais croissance des achats en drive, croissance importante des surfaces commerciales depuis 2008 mais explosion des friches commerciales, accélération des navettes domicile-travail qui modifient les flux et créent une autre relation commerciale aux territoires…, le commerce connaît sa plus profonde mutation depuis 30 ans ». Là encore, le constat est à nouveau juste même s’il semble laisser penser que cette tendance était inéluctable ce qui n’est pas le cas.

Passés ces constats, on regrettera la langue de bois de ce rapport et de ses mots-clefs au premier rang desquels figure celui de « gouvernance ». On ne compte pas non plus les emprunts sémantiques à l’anglais qui cache (si mal) l’indigence de ceux qui ne savent pas quoi écrire. Payer des « experts » pour qu’ils proposent de créer des « observatoires » est un gaspillage d’argent public car n’importe quel habitant de ces villes moyennes comprend bien les problèmes qu’il rencontre. A première vue, il nous semblerait donc plus efficace que les dites « villes moyennes » se dotent d’un personnel politique capable de réfléchir par lui-même et sans attendre d’aide de l’État.

En guise d’exemple : on voit en effet de nombreuses villes, aujourd’hui, chercher à réduire la place de la voiture dans leurs centres. Une démarche écologique tout à fait légitime, mais qui ne peut fonctionner tant qu’un réel bilan de 20 années d’urbanisme ne sera pas fait. En n’intervenant pas politiquement dans la disparition des commerces de proximité dans les quartiers, en autorisant le développement et la multiplication des zones commerciales, en favorisant les déplacements, les collectivités ont rendu les citoyens dépendants de leurs voitures. Si bien que les plus faibles, aujourd’hui, dans notre société, sont les moins mobiles (jeunes, personnes en situation de handicap, personnes âgés, personnes n’ayant pas le permis de conduire). Maintenant que cette dépendance est installée, il est compréhensible que la réduction des places de stationnement et la « piétonnisation » des centres soient critiquées. Pourtant, c’est bien par de telles politiques que l’on peut espérer recréer des centres dynamiques. Mais reconstruire des centralités, localement, ne peut se faire d’un claquement de doigts et nécessite de retisser du lien social, notamment dans les quartiers !

Que le gouvernement Macron et sa clique souhaitent revitaliser les centres-villes des communes moyennes est une bonne chose. Mais nous ne saurions que trop leur conseiller d’aller au bout de leur logique et de faire marche arrière en ce qui concerne la politique de détricotage des services publics. On sait en effet que libéralisme et jacobinisme vont de pair et que les services publics de proximité dans les petites et moyennes communes sont les premiers à fermer, « faute de rentabilité ». Le rapport n’est d’ailleurs par exempt de mesures libérales comme l’ouverture continue des magasins pour ne citer que celle-ci. Mais que veut dire un centre-ville dynamique si les principaux services publics en sont absents ? Même Pôle Emploi délocalise certains de ses bureaux vers la périphérie.

Bref, on retiendra quand même quelques pistes évoquées par le rapport comme la réflexion autour de la vacance, de la fiscalité des entreprises (notamment en ce qui concernent les locaux), du partage de salariés, de la facilité de reprise des commerces. Espérons que les projets locaux permettront de recevoir un peu d’argent public. Ce sera déjà ça de gagné et la situation des centres ne pourra pas forcément être pire après qu’avant le rapport.

> Gael Briand

Journaliste. Géographe de formation, Gael Briand en est venu au journalisme par goût de l'écriture et du débat. Il est rédacteur en chef du magazine Le Peuple breton depuis 2010. Il a également écrit « Bretagne-France, une relation coloniale » (éditions Ijin, 2015) et coordonné l'ouvrage « Réunifier la Bretagne ? Région contre métropoles » (Skol Vreizh, 2015). [Lire ses articles]