
Nouveau rebondissement le samedi 3 mars dans le feuilleton de l’investiture d’un président de la Catalogne, avec la décision de la CUP (Candidatura d’Unitat Popular, extrême gauche indépendantiste) de refuser le candidat qu’avait accepté ERC (Esquerra Republicana de Catalunya – Gauche Républicaine de Catalogne) et Junts per Catalunya (PDeCat et société civile) in extremis vendredi 2 mars.
Les quatre députés « anticapitalistes » ont annoncé qu’ils s’abstiendraient lors de la séance d’investiture du nouveau président de la Generalitat, conduisant ainsi à la mise en minorité de la candidature indépendantiste (64 contre 65 députés de l’opposition espagnoliste sur les 135 députés du Parlement) avec l’impossibilité de voter des deux députés exilés à Bruxelles. Retour à la case « crise » donc, en même temps que croissent l’irritation et la déception chez les citoyens catalans qui ont soutenu la République. Les dissensions partisanes, le jusqu’auboutisme de la CUP et l’intransigeance des autorités espagnoles s’accrochant à une sévère répression politico-judiciaire font durer la suspension de l’autonomie catalane et éloignent la résolution du blocage permettant la désignation d’un nouveau gouvernement catalan.
Négocier ou retourner aux urnes ?
La perspective à présent est une reprise des négociations entre les forces politiques indépendantistes pour tenter de s’entendre sur un scénario acceptable pour tous ou s’il est impossible de procéder à de nouvelles élections. La CUP n’admet pas d’entrer dans une logique « autonomiste » et veut une confrontation directe et totale avec l’Espagne en mettant en place la République proclamée, tandis que les autres groupes politiques du Parlement – ERC et Junts per Catalunya – proposent des solutions qui les rendent compatibles la récupération des institutions autonomes dans le cadre espagnol et la mise en œuvre de nouveaux organismes pour faire progresser la République catalane, en particulier de l’étranger.
Le Conseil de la République à Bruxelles
La stratégie sur laquelle les indépendantistes s’étaient mis d’accord au cours de la semaine, au-delà de l’élection du candidat à la présidence de la Generalitat, était de créer un Conseil de la République basé à Bruxelles et sous la présidence de Carles Puigdemont aurait eu le rôle de travailler à la reconnaissance de la République catalane depuis un « espace libre » hors d’atteinte des pressions espagnoles et hors de portée de la répression judiciaire, et d’agir en défense des victimes de la répression et en faveur de la libération des prisonniers politiques. Puigdemont à cet égard a déposé plaintes à l’ONU contre l’Espagne pour atteinte aux droits démocratiques fondamentaux. Le Conseil de la République devrait être secondé par une Assemblée des représentants formée de députés et d’élus locaux catalans.
Assemblée à Bruxelles et manifestation à Barcelone
Face à tant d’incertitude, la réunion d’une assemblée de députés et d’élus locaux que le président Puigdemont entendait convoquer à Bruxelles cette semaine pour activer les institutions républicaines n’a pas de date définie et pourrait bien prendre du retard dans l’attente d’une solution politique sur la question de l’investiture du prochain président de la Catalogne. Et dimanche 11 mars, l’ANC – Assemblée nationale de Catalogne, entité civique en faveur de l’indépendance – a appelé à une manifestation à Barcelone pour obliger les partis politiques indépendantistes à s’entendre enfin et à débloquer la situation. À suivre donc…