L’aéroport de Lannion sur la sellette

En 2014, la député Corinne Erhel, aujourd’hui disparue, déclarait à la presse : « si nous n’avions plus d’aéroport, comment voulez-vous faire venir des entreprises ? ». L’annonce vient d’être faite : la ligne commerciale régulière qui relie Lannion à Orly va être supprimée le 23 mars, faute de passagers. Mettant en danger l’aéroport lui-même…

Le Trégor dispose depuis les années 60 d’une place particulière en Bretagne. Les déconcentrations sous de Gaulle avait apporté un pôle de haute technologie, pôle qui a réussi tant bien que mal à se maintenir grâce à la Recherche. Aujourd’hui, le Trégor compte plusieurs entreprises internationales, notamment des start-up. Mais celles-ci connaissent des hauts et des bas, le Trégor était très dépendant de capitaux extérieurs.

Le Trégor n’étant pas situé sur la ligne LGV, il faut 3h34 pour se rendre de Lannion à Paris par le train. C’est la raison pour laquelle la ligne aérienne Lannion-Orly reçoit encore une aide de l’État au titre de l’aménagement du territoire, mais moins élevée que Brive, Aurillac ou Agen. En train, Lannion n’est qu’à 30 minutes de la gare de Guingamp si bien que les passagers s’y rendent de plus en plus en voiture. Les liaisons vers le sud de la Bretagne, elles, n’existent pas ! Bref, alors que le Trégor a besoin d’internationalisation, il est très mal desservi par les trains le lui permettant. De ce point de vue, on pouvait comprendre le maintien d’un aéroport, certes petit, mais qui permet de « désenclaver » le Trégor.

L’aéroport de la côte de granit rose est pourtant remis en cause du fait de l’arrêt de la ligne Lannion-Orly. La section UDB de Lannion-Perros-Guirec ne s’étonne pas de la baisse de fréquentation : « c’est normal puisque la compagnie Hop a annulé 42 % des derniers vols qu’elle a assurés. » Et d’ajouter : « Cela mériterait pour le moins un dédommagement ! » Qui plus est, la ligne ne pouvait plus compter sur l’aide de la Chambre de commerce, ni reposer sur celle du département qui « est 8 fois moins importante par passager que pour St-Brieuc » selon la section UDB. Même l’agglomération a supprimé sa subvention pour Orly alors que l’État maintient son aide ; un comble ! Pourtant, remarque la section UDB, « la solidarité aurait pu jouer alors que le club de football local [ndlr : Guingamp] – largement aidé par la collectivité – utilise un charter à l’aéroport de St-Brieuc en faisant venir le personnel de Rennes ou Brest alors qu’un tel personnel travaille à temps plein à Lannion ».

L’UDB s’inquiète d’une « métropolisation de l’emploi », Rennes étant elle aussi spécialisée dans le numérique et mieux desservie par les transports, mieux « connectée au monde », elle attire les entreprises. « Un centre de recherche ne peut vivre en autarcie, sans contacts avec l’extérieur. Raison de plus pour laisser à la compagnie quelques mois pour faire ses preuves et pour réfléchir, collectivement. Beaucoup d’entre nous ne prenons jamais l’avion. Ce n’est pas une raison pour ne pas penser à l’emploi des jeunes et moins jeunes dans le Trégor. » conclue la section UDB.

Plus que jamais, un schéma aéroportuaire breton semble urgent. Le Conseil régional de Bretagne entendra-t-il ce message ?

> Ar Skridaozerezh / La Rédaction

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