Catalogne. La pression du gouvernement espagnol continue

L’actualité sud-catalane continue d’être monopolisée par les laborieuses et complexes négociations entre les partis indépendantistes ERC, Junts per Catalunya et la CUP d’une part. Et d’autre part par la répression espagnole, continue et inexorable, contre la société catalane.

La difficulté d’arriver à un accord pour un gouvernement catalan réside dans l’inflexible position du gouvernement espagnol qui se refuse à tout dialogue politique, qui intervient par tous les moyens (menaces, poursuites judiciaires, emprisonnements) pour empêcher l’investiture du président de la Generalitat, et la volonté des Catalans de résoudre l’équation : désigner un gouvernement effectif qui puisse administrer le pays et en même temps rétablir la légitimité des ministres et des élus emprisonnés et exilés. La marge de manœuvre est très étroite étant donné que Madrid maintient l’annonce de l’emploi de la force (prison, tribunaux, suspension de l’autonomie) contre les politiques qui ne lui conviennent pas. Le président exilé à Bruxelles Carles Puigdemont et le président du Parlement Roger Torrent cependant ont annoncé samedi 17 février, que les négociations avancent et que la solution pour l’élection du gouvernement est proche.

Vendredi 16 février, des milliers de Catalans ont manifesté devant les mairies pour réclamer la libération des cinq prisonniers politiques encore détenus sans procès et soumis à la limitation de leurs droits ainsi qu’à des vexations permanentes (interdiction d’écouter la messe, refus de transmettre courriers et livres, punitions pour avoir fait des interviews, refus de rapprochement dans des prisons catalanes…). Le gouvernement espagnol a annoncé également son intention de freiner l’enseignement du catalan et de fermer TV3, la télévision de Catalogne, pour « l’assainir ». Il veut également présenter une proposition de loi pour rendre impossible la grâce de prisonniers accusés de rébellion et de sédition.

Les pressions espagnoles s’exercent aussi à la frontière française où des policiers espagnols ont exigé d’automobilistes nord-catalans (citoyens français) de retirer des adhésifs catalans de leurs plaques d’immatriculation, continuent de faire des contrôles d’identité stricts et fouillent les voitures, sans aucune réaction ni plainte du gouvernement français. Les mesures sont à rapprocher des manifestations de soutien et de solidarité des Catalans du nord avec leurs compatriotes du sud : soupes de solidarité, manifestations publiques, commémoration des réfugiés républicains de 1939 en présence du président du Parlement catalan, impression d’affiches en défense des prisonniers…

> Alà Baylac Ferrer

Contributeur. Maître de conférence à l’Université de Perpignan – Via Domitia (UPVD) en Catalogne du Nord, Alà Baylac Ferrer est spécialiste des langue et culture catalanes. Il est par ailleurs directeur de l’Institut franco-catalan transfrontalier (IFCT). [Lire ses articles]