Candidature de Puigdemont. Le Tribunal constitutionnel espagnol ne se prononce pas

Samedi soir, 27 janvier, après 6h de délibérations et une convocation expresse, le Tribunal constitutionnel n’a pas répondu à la demande du gouvernement espagnol d’interdire la candidature de Carles Puigdemont à la présidence de la Generalitat. Le Parlement de Catalogne doit se réunir mardi 30 janvier pour élire le président du gouvernement catalan…

Le Tribunal ne s’est pas prononcé sur la demande du gouvernement espagnol mais, en revanche, a improvisé un avis – qui ne lui était pas demandé – et qui a été dénoncé dès lundi soir par plusieurs juristes, catalans et espagnols, dont l’avocat de Carles Puigdemont, Jaume Alonso Cuevillas, comme une ingérence claire des juges constitutionnels dans le champ politique.

L’avocat du président catalan a souligné que les juges ont imposé, par un communiqué « incompréhensible » des conditions, sans base légale, à son investiture : interdiction du vote à distance au Parlement catalan (alors que le règlement ne l’empêche pas explicitement et que le bureau du Parlement est souverain pour en décider), et autorisation préalable du tribunal espagnol (le Tribunal suprême en charge des procès contre les indépendantistes catalans) pour se rendre en personne dans l’hémicycle catalan. Le même tribunal et son juge Llarena qui a refusé à Jaume Alonso de représenter son client…

La crise catalane provoquée et entretenue par Madrid est en train de s’étendre à l’ensemble du système politico-institutionnel espagnol – dans un contexte de corruption généralisée du parti au pouvoir – et met chaque jour davantage en lumière les graves dysfonctionnements d’une démocratie de 40 ans tout juste.

> Alà Baylac Ferrer

Contributeur. Maître de conférence à l’Université de Perpignan – Via Domitia (UPVD) en Catalogne du Nord, Alà Baylac Ferrer est spécialiste des langue et culture catalanes. Il est par ailleurs directeur de l’Institut franco-catalan transfrontalier (IFCT). [Lire ses articles]