Le Grand Paris Express : un racket généralisé !

Lors des questions au gouvernement le 16 janvier, le député UDI de la 18ème circonscription de Paris Pierre-Yves Bournazel a évoqué la question des délais du projet de Grand Paris Express, projet qui va conforter encore davantage la centralisation. Mais qu’importe pour les édiles de la ville-lumière : Paris vaut bien la peine de dépouiller la « province » !

Pierre-Yves Bournazel n’y va pas par 4 chemins : pour lui, le Grand Paris Express est le « grand projet de transport collectif du XXIe siècle ». Rien de moins ! « C’est un projet d’intérêt général stratégique qui renforcera notre attractivité internationale et améliorera la vie quotidienne de millions d’habitants. » Alors qu’il n’est pas rare d’entendre les députés qualifier les Bretons, Corses, Basques ou Alsaciens de « repliés sur eux-mêmes », force est de constater qu’il semble difficile pour les élus parisiens de considérer Paris autrement que par le petit bout de la lorgnette.

Si, à la lecture de cet article, ceux-ci arrivent à prendre un peu de hauteur, alors Le Peuple breton aura justifié de son utilité ! Car la « saturation » des infrastructures parisiennes résulte d’une surconcentration de l’emploi et des investissements à Paris comme l’explique très bien Christian Guyonvarc’h dans la version papier de notre magazine (janvier 2018). Ainsi, plutôt que de surinvestir pour « désengorger la ligne 13 », il suffirait peut-être d’investir ailleurs qu’à Paris afin de permettre aux jeunes de rester chez eux plutôt que de migrer vers Paris. Parler de « désenclavement de certains territoires » frise même l’indécence quand on sait le nœud ferroviaire, routier et aéroportuaire qu’est la région parisienne au détriment du reste de la France.

Madame Elisabeth Borne, ministre chargée des transports, étant absente, c’est Brune Poirson qui a répondu à la demande de M. Bournazel quant au respect des délais. La réponse de la secrétaire d’État est tout aussi parisiano-centrée : « le Grand Paris Express bénéficie de financements dédiés grâce à plusieurs taxes prélevées en Île-de-France : elles ont permis à la Société du Grand Paris de prendre directement en charge, jusqu’en 2016, l’intégralité des dépenses du projet ». Cette phrase laisse penser que le Grand Paris Express est financé par l’Ile-de-France uniquement, sans financement de l’État ! Or, comme l’explique clairement le site du Grand Paris Express, « outre les subventions de l’Union européenne et de l’État (notamment dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir), la Société du Grand Paris s’appuie sur plusieurs ressources affectées par l’État »… c’est-à-dire de l’ensemble des contribuables français !

Le site explique que « plus de 25 milliards d’euros seront engagés pour construire le Grand Paris Express, auxquels s’ajoutent 3,4 milliards pour la modernisation et l’adaptation du réseau existant », des estimations dont on sait désormais qu’elles seront pulvérisées. Même la secrétaire d’État l’admet : « Il est vrai que des surcoûts très importants ont été mis en évidence ». Mais qu’importe puisque le site du projet certifie que « à long terme, le nouveau réseau de transport pourrait générer plus de 100 milliards d’euros de PIB supplémentaires dans la région Île-de-France, soit quatre milliards d’euros par an pendant 25 ans à compter des premières mises en service ».

L’abandon de Notre-Dame-des-Landes a été acté, mais ce n’est pas pour autant que les Bretons acceptent la persistance de racket généralisé de Paris sur le reste de la France ! Si Paris est la capitale de la France, cela ne justifie en rien le sous-investissement structurel de l’État dans les territoires.

> Ar Skridaozerezh / La Rédaction

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