Le mardi 12 décembre, la Fédération UDB de Loire-Atlantique accueillait deux représentantes de RESF (réseau d’éducation sans frontières) pour échanger sur la question des migrants et des réfugiés sur l’agglomération nantaise. L’occasion pour Le Peuple breton de rappeler son attachement à l’accueil des réfugiés.
Les jeunes arrivés sur Nantes sont surtout issus de Guinée, Mali, Côté d’Ivoire et Cameroun. Selon les deux militantes du réseau, « la mobilisation des parents des écoles à Nantes pour héberger les familles de sans papiers fonctionne très bien via des réseaux de solidarités spontanés. Pour le logement des mineurs isolés, en revanche, il n’y a pas de solutions évidentes. Il existe un début de mobilisation des jeunes et étudiants, mais ce n’est pas organisé ». À ce propos, on notera que la direction de l’Université de Nantes a demandé l’évacuation du château du tertre et de la Censive où des étudiants logeaient illégalement des personnes sans toit. Il fait 2°C dehors.
La discussion a tourné autour des conditions effroyables d’arrivée des jeunes réfugiés, de leur faible niveau scolaire, des parcours d’obstacles administratifs, de l’errance de ces jeunes en journée, de l’absence de mélange avec d’autres populations et bien sûr du racisme. Les militantes de RESF essayent de faire face à l’urgence humanitaire mais apparaissent comme « épuisées » par l’ampleur du phénomène et le manque de soutien des pouvoirs publics. Aux arguments du type « appel d’air » et « concurrence des misères », elles répondent simplement par ce devoir d’agir face à la détresse de ces populations.
La présence en France des mineurs non accompagnés n’est pas nouvelle. Au cours des années 2010, ce phénomène a changé d’échelle et connaît une progression exponentielle. Le nombre de mineurs isolés étrangers pourrait atteindre 25 000 d’ici à la fin de l’année, soit une multiplication par deux en l’espace d’un an. Or, il existe une réelle saturation des capacités d’accueil devant le flux.
Si la diversité des situations individuelles empêche toute généralisation, le phénomène de l’arrivée de plus en plus massive de mineurs non accompagnés en France semble davantage s’inscrire dans la logique d’une migration économique, plus ou moins forcée, que résulter des conflits qui marquent certaines zones géographiques. De plus, on constate que l’arrivée de ces jeunes est bien souvent organisée, depuis le pays de départ, par des filières que l’on peut parfois qualifier de « criminelles ».
Les pistes de réflexions et d’action politique ne sont pas simples. La coopération internationale portée par des collectivités est évoquée, action via des réseaux économiques visant à établir des contrat d’engagement entre jeunes migrants et collectivités pour accéder à des formations préparant un retour au pays. Le constat reste cependant qu’il faut agir à la base en formant les citoyens ici. Les autres points de blocages identifiés, au-delà du financement des associations, sont la possibilité de scolarisation des jeunes dans le public et l’accès à des logements dédiés pour faire face à cette crise humanitaire.
Cette réunion s’inscrivait dans un contexte où, selon le journal Le Monde, « une circulaire ministérielle [mettrait] fin à l’hébergement inconditionnel »… Plutôt qu’une concurrence des misères, ne serait-il pas plus sain et efficace de construire une solidarité des démunis face à un monde où le mépris de classe progresse ?