Bienvenue à la République de Catalogne !

Ce vendredi 27 octobre, un nouvel État est né : la République de Catalogne. Après plusieurs semaines d’un bras de fer avec l’État espagnol, après des tentatives de dialogue, après le retrait de l’autonomie par le Premier Ministre Mariano Rajoy, le parlement catalan a finalement décidé de constituer « un État indépendant prenant la forme d’une République », un État décrit comme « démocratique et social ».

La proclamation était signée, mais avait été suspendue le 10 octobre dernier. Après avoir vainement tenté un dialogue avec Madrid afin de pouvoir organiser un référendum légal en plus d’être légitime, le président de la Generalitat Carles Puigdemont a renvoyé au parlement la décision de proclamer l’indépendance ou non. Parlement qui vient de lancer le processus constituant par 70 votes pour, 10 contre et 2 blancs. 53 députés n’ont pas participé au vote.

Mais le plus dur est loin d’être passé : pour être reconnu comme État, l’exécutif doit s’assurer le soutien international de plusieurs autres États car dans ce monde, on est reconnu que par ses pairs ! Or, durant la « crise catalane », bien peu d’États se sont manifestés pour assurer à la Generalitat que leur propre gouvernement reconnaîtrait une Catalogne indépendante. Pour l’anecdote, un premier député de Laponie (Finlande), Mikko Kärnä, a déjà félicité la Catalogne et pris la décision de soumettre une motion au parlement pour reconnaître la nouvelle République. De l’ampleur de la reconnaissance dépendra beaucoup l’acceptation ou non dans l’Union européenne car tout est rapport de force. Paradoxalement, l’indépendance de la Catalogne créé de fait non pas un nouvel État, mais deux… tout en en supprimant un. L’Espagne est morte ! Vive l’Espagne et la Catalogne ! Logiquement, ce sont donc ces deux nouveaux États qui devraient postuler à l’entrée dans l’Union.

Dans l’urgence, le premier ministre Mariano Rajoy a déclaré que « l’État de droit sera restauré en Catalogne ». Si en 1936, les puissances européennes n’ont pas bougé le petit doigt pour lutter contre la dictature franquiste, aujourd’hui, on peut espérer que les chars restent au garage et que tous les gouvernements qui ont appelé au dialogue refuseront une intervention armée. En France, on connaît la position du gouvernement. Les États prônent une Europe des États, mais refusent de partager le gâteau. À défaut d’Europe fédérale (hélas), qu’ils ne s’étonnent pas que les peuples souhaitent parler directement à Bruxelles plutôt que de passer par leur « capitale ». Et si les États (France en tête) refusent de reconnaître la Catalogne, les peuples peuvent le faire : #BienvenueCatalogne.

> Gael Briand

Journaliste. Géographe de formation, Gael Briand en est venu au journalisme par goût de l'écriture et du débat. Il est rédacteur en chef du magazine Le Peuple breton depuis 2010. Il a également écrit « Bretagne-France, une relation coloniale » (éditions Ijin, 2015) et coordonné l'ouvrage « Réunifier la Bretagne ? Région contre métropoles » (Skol Vreizh, 2015). [Lire ses articles]