Dans une allocution télévisée retransmis le 3 octobre, le roi d’Espagne, Felipe VI, a pris la parole suite au référendum d’autodétermination en Catalogne. La monarchie vacille et après les violences qui ont émaillé le scrutin de dimanche dernier, une république catalane est plus probable que jamais.
« Nous vivons des moments difficiles pour notre vie démocratique. C’est dans ces circonstances que j’ai souhaité m’adresser directement à tous les espagnols. » C’est en ces termes que le roi a débuté son allocution en soirée. Se drapant dans la légalité, il a accusé les autorités catalanes qui, « de manière répétée, consciente et délibérée, ont violé la Constitution et son statut d’autonomie ».
Sans un seul mot pour les violences au cours de son discours, il a estimé que la Generalitat a « brisé les principes démocratiques de toute règle de droit et (…) compromis l’harmonie et la coexistence dans la société catalane elle-même, malheureusement pour la diviser. Aujourd’hui, la société catalane est fracturée et confrontée. » Pire, selon lui, « leur comportement irresponsable peuvent même compromettre la stabilité économique et sociale de la Catalogne et de toute l’Espagne ».
Mais le point culminant du discours a été atteint lorsque le roi a affirmé de but en blanc que « ces autorités, de manière claire et emphatique, ont été totalement en dehors de la loi et de la démocratie. » Le roi Felipe VI est donc pris en flagrant délit de confusion sémantique. En effet, la loi et la démocratie ne sont pas des synonymes. De même que pour la Justice, si la loi est injuste, alors le droit le sera… en refusant de reconnaître le droit des Catalans à disposer d’eux-mêmes, l’État espagnol a démontré sa fragilité démocratique et le Parti Populaire son vrai visage.
Le roi a conclu son discours par des mots se voulant rassurant : « ce sont des moments difficiles, mais nous allons les surmonter. Ce sont des moments très complexes, mais nous allons faire face. Parce que nous croyons en notre pays et nous sommes fiers de ce que nous sommes. Parce que nos principes démocratiques sont solides, ils sont solides ». En plein déni, le roi refuse donc de voir que l’intervention violente de la police et les propos acerbes de Mariano Rajoy ont creusé définitivement le fossé entre la monarchie et la future République.