Suite au communiqué de l’UDB ainsi qu’à notre article de mardi, le directeur de France 3 Bretagne, Jean-Michel Le Guennec, nous a appelé pour nous signifier que ce que nous avions écrit ne correspondait pas à la réalité. Il nous demandait donc un correctif, estimant que car nos affirmations « nuisent gravement à la crédibilité de France 3 Bretagne ». Il a signé un communiqué le 13 septembre pour expliquer la fermeture de France 3 Iroise. Le Peuple breton le décrypte.
Dans ce communiqué, M. Le Guennec remarque que « compte tenu de l’évolution des équipements de réception (ADSL, Box, Satellite) et des nouveaux modes de consommation de l’information, la plupart des Finistériens ne voit plus l’édition Iroise sur leur téléviseur ». C’est parfaitement exact et on est en droit de se demander, à l’instar de l’ancien conseiller régional UDB Christian Guyonvarc’h, si « ne mettre F3 Iroise ni sur la box ni sur le satellite [n’]était [pas] un choix délibéré pour préparer sa suppression » ? C’est justement parce que France 3 est un service public auquel l’UDB et Le Peuple breton sont attachés que nous réagissons avec véhémence à la décision de fermeture de France 3 Iroise qui, quoiqu’en pense le directeur, est évidemment une recentralisation.
Dans son communiqué, Jean-Michel Le Guennec estime qu’il ne faut « pas confondre diffusion locale et information locale ». L’UDB dénonce pour sa part non pas une cessation de l’information dans le Finistère, mais bien un déplacement des décisions éditoriales de Brest à Rennes ce que confirme Chloé Tempéreau, journaliste brestoise de France 3 par ailleurs déléguée syndicale SUD. « Le centre de décision a déjà été transféré cet été à Rennes puisque pour le deuxième été consécutif, Iroise n’a pas été diffusé », explique-t-elle. « Bien sûr, tout cela va prendre du temps et dans l’immédiat, nous avons encore un rédacteur en chef à Brest, mais si Iroise disparaît le 1er janvier, on peut craindre une recentralisation progressive des choix éditoriaux ». Au détriment du monde économique et culturel locaux. On voit mal, dès lors, comment un déplacement des choix éditoriaux « [garantirait] l’accès à de nouveaux publics et [assurerait] également une visibilité renforcée de l’actualité brestoise, quimpéroise et finistérienne ».
Contrairement à ce que nous indiquions, en revanche, le « vaisseau amiral » France 2 (selon l’expression consacrée de Delphine Ernotte, directrice de France Télévisions) est touché lui aussi puisque, selon nos informations, plus de 70 équivalents temps-plein doivent être supprimés. Chloé Tempéreau ajoute : « nous ne nous opposons pas à France 3 Paris ou à France 2, nous défendons juste le service public ». Or, force est de constater que ce service public ne peut assurer une mission digne de ce nom (en terme spatial et qualitatif) sans moyens. L’explication est très simple et n’est pas du ressort du directeur de France 3 Bretagne : Nicolas Sarkozy avait, à son époque, compensé la suppression de la publicité à la télévision par des dotations d’État. Celles-ci ont été revues à la baisse sous François Hollande si bien que les contrats d’objectifs nécessitent des coupes.
France 3 a beau s’en défendre, l’affaire est entendue : à défaut de suppression, ce seront des non-renouvellements de contrats. Chloé Tempéreau nous confie par exemple qu’à Brest, le preneur de son s’est vu signifier la suppression de son poste et même s’il sera probablement réaffecté, ce ne sera pas le cas des CDD et des intermittents qui le remplacent. « Les premiers touchés sont les plus précaires ». D’autre part, l’expérience menée ailleurs ne laisse guère de doute : « On avait promis plus de moyens à Bourges et Tours pour compenser la suppression des locales. Cela a duré deux mois et certains ont du migrer vers Orléans. L’auraient-ils fait si les locales avaient été maintenues ? ». Pour la déléguée syndicale, il est clair qu’« on s’attaque aux régions une par une pour éviter un mouvement national ».
Concernant An Taol Lagad, la direction promet son maintien, mais on ne sait toujours pas vraiment sous quelle forme. En revanche, l’émission « conserve son créneau quotidien à la mi-journée ».
Si on comprend que le directeur de France 3 Bretagne cherche à rectifier quelques inexactitudes, il n’est pas obligé d’assumer les erreurs politiques qui ne dépendent pas de lui. Et on ne voit pas bien en quoi la revendication d’un décrochage du type Via Stella à l’instar de la Corse pour la Bretagne « nuirait gravement à la crédibilité de France 3 ». Si l’État n’est plus capable d’assurer le service public, il y en effet deux options : soit le regarder couler, soit revendiquer un portage des services publics par les collectivités territoriales… avec les moyens qui vont avec ! C’est ce choix que fait notre rédaction.