Les tristes anniversaires d’Hiroshima et Nagasaki commémorés à Quimper

Pendant que le va-t-en guerre Kim Jon-Un menace le monde de ses ogives à tête nucléaire et que le non moins va-t-en guerre Donald Trump menace la Corée du Nord « du feu et de la colère », le monde commémore les anniversaires, les 6 et 9 août, des bombardements nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki. Il y a 2 ans, pour les 50 ans des bombardements, le Mouvement de la Paix avait reçu à Quimper deux hibakusha, survivants d’Hiroshima, et Le Peuple breton en avait rendu compte. En ce 8 août 2017, c’est à un débat sur le nécessaire désarmement nucléaire que le Mouvement de la Paix avait invité les pacifistes du secteur de Quimper.

Tout d’abord, des Quimpérois qui sont allés sur place ont raconté leur émotion lors de la visite d’Hiroshima. Ils nous ont parlé du dôme de Genbaku : il est le seul édifice qui a survécu à l’explosion de la bombe atomique sans doute parce qu’il presque sous la bombe quand elle a explosé (à 150m de l’hypocentre) et que le souffle l’a épargné. Les Japonais voulaient le détruire, mais les instances internationales ont tout fait pour le conserver comme témoin, un peu comme en d’autres lieux on a conservé Auschwitz. Ils nous ont appris aussi que la bombe à Uranium « Little boy » avait été couverte de graffitis et d’injures à destination du peuple Japonais.

Pourquoi la bombe atomique ? Pourquoi deux bombes ? 72 ans après, la polémique continue, même si majoritairement les historiens pensent que le Japon était prêt à capituler sans le feu nucléaire. Mais alors pourquoi la 2ème à Nagasaki ? Deux raisons au moins : d’une part parce que si la bombe d’Hiroshima était à l’uranium, celle de Nagasaki, « Fat man », était au plutonium et que la USA souhaitaient la tester aussi, d’autre part pour impressionner Staline !

Et en 2017, où en est la lutte contre les armes nucléaires ? Le 7 juillet, 122 pays ont adopté le Traité d’interdiction des armes nucléaires dans le Monde. Ce n’est pas rien. « Ce Traité, nous dit Médiapart, adopté par 122 États, à New York, juridiquement contraignant, prévoit l’interdiction pour les États y adhérant de posséder ou d’utiliser des armes nucléaires jusqu’à leur élimination complète, ainsi que de prendre part à un certain nombre d’activités associées telles que : le développement, la production, la fabrication, l’acquisition, le stockage, les essais, ou le transfert d’armes nucléaires ou d’autres engins explosifs nucléaires. Le secrétaire général de l’ONU sera chargé de sa mise en œuvre. »

Quels sont les États qui n’ont pas signé ? Bien sûr les 9 états qui possèdent la bombe (dont la France) en n’oubliant pas que la France a fait pression sur un certain nombre d’États africains pour qu’ils ne signent pas. La France a d’ailleurs une attitude ambiguë sur le sujet : le 1er juillet 1968, l’ONU a signé le Traité de non-prolifération nucléaire, traité très ambigu aussi puisque les possesseurs de la bombe l’ont surtout signé pour empêcher les autres de l’avoir. La France, comme la Chine, n’y a adhéré qu’en 1992, mais ne l’a jamais ratifié. Pour revenir à l’actualité, la Corée du Nord s’est retirée du Traité en 2003.

La France a eu très longtemps, jusqu’en 1948, un ministère de la guerre. Le ministère est alors devenu « ministère de la défense nationale », son nom évoluant depuis entre plusieurs dénominations, dont « ministère des armées ». Il est significatif de constater que depuis les dernières élections le « ministère de la défense » est redevenu « ministère des armées ». Est-ce que la France ne se contenterait plus de se défendre…

On peut alors conclure en se servant d’une réflexion entendue à la réunion de Quimper : « Quand est-ce que la France aura son ministère de la Paix ? »

> Christian Pierre

Né en 1949, Christian PIERRE est membre de l'UDB depuis 1977. Très engagé pour la Bretagne, il est très investi aussi dans les Droits de l'Homme, comme à l'ACAT (ONG chrétienne de lutte pour l'abolition de la torture et contre la peine de mort) dont il est animateur du Groupe Quimper-Cornouaille. Il milite enfin pour les droits du peuple palestinien.