À quand des collectivités territoriales subventionnées par le PSG ?

Le président de la République française est à peine élu que ses choix sont contestés. Baisse des APL (remise en cause suite à la fronde), moralisation de la vie politique accompagnée des premières « affaires » des nouveaux ministres ou députés, premiers textes de loi sur le code du travail qui n’étaient pourtant pas secrets et bien sûr la coupe budgétaire de 200 millions d’euros annoncée pour les collectivités territoriales. Certains élus locaux s’émeuvent alors que cette dernière mesure était inscrite noire sur blanc sur le programme du candidat Macron. Et on est pas au bout de nos surprises…

La victoire du néo-libéralisme est totale ou presque dans le monde. Alors que ce système économique ne convient véritablement à personne (si ce n’est à une infime minorité de privilégiés), peu d’États le remettent en cause. Et quand c’est le cas, le « modèle » n’est pas plus enviable… La victoire de cette idéologie (car ç’en est une) est donc pratiquement totale et on pourrait espérer qu’au minimum, les politiques corrigent les déséquilibres du marché. Mais non, nos sociétés élisent ceux qui façonnent ce monde dont personne ne veut.

En Bretagne, les néo-libéraux ont toujours réussi à disposer du « bénéfice du doute ». Jouissant d’une image d’humanistes, pas vraiment jacobins (du moins pas officiellement), habiles en matière de communication, ils ne sont pas radicaux et ne remettent pas en cause le système. Bref, ils sont perçus comme des « modérés ». On a pourtant du mal à distinguer la « modération » du monde d’aujourd’hui, un monde dans lequel le PSG dispose d’un budget qui talonne le PIB des États les plus pauvres de la planète !

Certains analystes ont estimé que c’est lors du débat du second tour de la présidentielle que Marine Le Pen a complètement perdu la partie face à l’actuel président. Celle-ci était hargneuse quand son rival était posé. Mais le second tour des présidentielles opposait en réalité deux courants politiques extrêmement brutaux : le néo-libéralisme et la droite autoritaire à tendance fasciste. Si on ne sait que trop bien ce à quoi l’État peut servir au second, on sous-estime généralement le projet politique des premiers. Le néo-libéral casse les cadres censés protégés pour soi-disant « libérer » le travail. Aidé par cette douce rengaine selon laquelle les partis politiques et les syndicats sont inutiles, le néo-libéralisme détruit le politique au profit de l’économie. Ce faisant, il fait des êtres humains des outils au service du marché plutôt que l’inverse !

Le résultat, c’est que plus personne ne s’étonne que le PSG dispose d’un budget de transfert équivalent à la coupe budgétaire promise aux collectivités ! Quelle ironie du sort : les petits clubs sportifs vont voir leurs subventions chuter du fait de la dépendance des collectivités sur l’État pendant que les grands clubs ont parfois un budget qui, plutôt que de déranger les consciences, fait des envieux !

La remarque pourrait être la même concernant les Jeux Olympiques. Alexandre Delaigue, professeur d’économie à Lille, écrit sur le site de France info : « en moyenne, c’est 156 % de dépassement pour les jeux en général, 176 % pour les jeux d’été. Pour un budget prévisionnel d’environ 6,6 milliards d’euros pour l’instant, cela nous conduirait pour Paris 2024 aux alentours de 18 milliards d’euros de coût global ». Le Peuple breton a déjà évoqué l’injustice que constitue les milliards octroyés au Grand Paris quand le reste de la France doit se serrer la ceinture, mais visiblement, ce n’était pas suffisant : Paris devait en plus organiser les JO et, de ce fait, être dans l’obligation (le CIO semble aujourd’hui plus puissant que l’ONU) de financer de nouvelles infrastructures sportives dans une ville qui n’en manque pas. Si certains avaient des doutes sur le jacobinisme du président, les choix budgétaires devraient les leur ôter…

Quand le sport devient une façon de valoriser la compétition, de faire accepter le monde tel qu’il est, quand les États ont désormais moins de pouvoir que les multinationales, on est en droit de se demander si notre société tourne rond…

> Gael Briand

Journaliste. Géographe de formation, Gael Briand en est venu au journalisme par goût de l'écriture et du débat. Il est rédacteur en chef du magazine Le Peuple breton depuis 2010. Il a également écrit « Bretagne-France, une relation coloniale » (éditions Ijin, 2015) et coordonné l'ouvrage « Réunifier la Bretagne ? Région contre métropoles » (Skol Vreizh, 2015). [Lire ses articles]