La capitale de la Bretagne… c’est Paris !

Allégorie de la relation Rennes-Nantes

Depuis des décennies, les Bretons s’échinent à s’interroger qui de Nantes ou Rennes est la capitale. En terme de définition, force est pourtant de constater que la capitale de la Bretagne… c’est Paris ! Le Peuple breton explique pourquoi.

Du latin capitis, le mot « capitale » désigne ce qui est « relatif à la tête ». En somme, une capitale est une ville qui détient le pouvoir de commandement. Ainsi, Paris est la capitale de la France. Mais peut-on estimer que Nantes et Rennes, respectivement capitales des régions administratives des Pays de la Loire et de Bretagne en sont réellement ? Un certain nombre de fonctions de commandement y sont en effet présentes, à commencer par les conseils régionaux, mais ce sont surtout les préfectures de région (services déconcentrés de l’État) qui détiennent le pouvoir réel.

A bien y réfléchir donc, ni Rennes, ni Nantes ne sont des capitales puisque le pouvoir réel en est absent. Certes, ces villes bénéficient de « fonctions de commandement », mais ce commandement n’y est pas exercé ! Au mieux, on pourrait considérer ces deux grandes villes comme des « chefs lieux de province », appliquant les lois votées ailleurs.

Cette guerre de « leadership » est donc tout à fait ridicule puisque si ces deux villes se montrent leurs muscles, elles n’osent ni l’une ni l’autre se mesurer à Paris ! Dans son numéro de novembre 2014, Le Peuple breton écrivait que les métropoles ne seraient jamais au service des territoires tant qu’elles chercheraient à s’en affranchir, à exister pour elle-même et non pour les autres. La méfiance de Rennes ou Nantes envers la Bretagne, leur propre pays – à l’inverse de villes comme Barcelone, Cardiff ou Edinbourg – les prive donc paradoxalement d’une réputation plus importante. Ce constat nous faisait dire qu’« une ville qui rayonne est toujours au service d’un territoire ». Et que, par conséquent, « si Rennes et Nantes ne sont pas au service de la Bretagne, c’est sans doute parce qu’elles sont au service… de Paris ! ». Nous rajoutions dans ce même numéro que « Paris, la locomotive de la France, sait parfaitement qu’elle est son identité (française) et personne ne vient lui parler de « communautarisme », ni de « tentation identitaire » » comme a pu le faire la maire de Rennes dans le passé.

Finalement, rien n’a changé depuis que D’Argenson écrivait au XVIIIe siècle que « la France était jadis une belle femme proportionnée à sa taille. Peu à peu, elle a pris la ressemblance d’une araignée, grosse tête et longs bras maigres. Toute graisse, toute substance s’est portée à Paris aux dépens des provinces amaigries et exténuées ».

Tant que la Bretagne ne sera pas réunifiée, tant que celle-ci ne disposera pas d’une part du pouvoir législatif, il est illusoire de croire que Rennes ou Nantes puissent faire office de « capitales ». Quand la Bretagne veut, elle passe par le Préfet ou par les ministères, elle ne règle pas ses affaires elle-même. Hélas.

> Gael Briand

Journaliste. Géographe de formation, Gael Briand en est venu au journalisme par goût de l'écriture et du débat. Il est rédacteur en chef du magazine Le Peuple breton depuis 2010. Il a également écrit « Bretagne-France, une relation coloniale » (éditions Ijin, 2015) et coordonné l'ouvrage « Réunifier la Bretagne ? Région contre métropoles » (Skol Vreizh, 2015). [Lire ses articles]