
Jean-Yves Le Drian ne « reviendra » finalement pas et malgré son omniprésence sur le sol breton, il a laissé son siège de président le 2 juin dernier (mais reste conseiller régional). Son « poulain », le maire de Liffré et vice-président de la Région Loig Chesnais-Girard, vient d’être élu président ce jeudi, sans les voix de la droite et du centre, ni celles du FN.
Dès les premières minutes de cette session, le Républicain Marc Le Fur a taclé Jean-Yves Le Drian qui s’était engagé à présider ce Conseil régional durant l’ensemble du mandat. Son groupe n’a donc pas pris part au vote. De son côté, Gilles Pennelle, le président du Front national, a jugé que cette élection était un « non-événement » et a fait de même. Qu’importe, il suffisait à la majorité de voter pour Loig Chesnais-Girard pour que celui-ci soit élu. C’est donc ce qui s’est passé, sans surprise.
En prenant son siège de président, Loig Chesnais-Girard a tenu par commencer son discours par un hommage à la député et conseillère régionale Corinne Erhel, décédée durant la campagne législative pendant un meeting en faveur d’Emmanuel Macron. La minute de silence a été suivie par d’autres remerciements, d’abord aux « Liffréens et Liffréennes » et à son équipe municipale « à qui [il] reste fidèle », à sa famille, puis à Pierrick Massiot et Jean-Yves Le Drian, ses prédécesseurs avec lequel il a eu l’occasion de siéger et enfin aux services et à la majorité dont il est issu. L’opposition a également eu le droit à un mot chaleureux et il s’est dit à leur écoute : « notre diversité est une richesse, à nous de la préserver », a-t-il ajouté.
Sans surprise pour qui connaît les arcanes du Conseil régional, le discours du président a été très axé sur l’identité de la Bretagne. « Nous savons, si nécessaire, défendre les intérêts bretons quelques soient nos appartenances », a ainsi déclaré le plus jeune président des régions de France. Selon lui, « l’identité bretonne est un alliage qui nous rassemble et nous renforce ». La Bretagne appartient à tout le monde et chacun a sa vision de la Bretagne. Après un inventaire à la Prévert des artistes et personnalités bretonnes (de Xavier Grall cité deux fois à Anjela Duval en passant par Miossec et Alan Stivell), le président a plaidé pour plus de décentralisation, décentralisation qui est, selon lui, « un mouvement inéluctable car il en va de la démocratie ».
Les mots sont choisis, un pour chacun : écologie, économie, culture, tout y passe… jusqu’à la revendication « serpent de mer » du Conseil régional depuis 2004 : la réunification administrative de la Bretagne ! « [Les Bretons] ont une région à 4 départements, ils en revendiquent 5 » a ainsi déclaré Loig Chesnais-Girard. Le Peuple breton souhaite vivement que l’équipe du Conseil régional défende ce dossier là où le pouvoir se trouve, c’est-à-dire à Paris et sûrement pas dans l’hémicycle de Courcy ! Le président affirme avoir un Gwenn-ha-du dans la tête ; qu’il n’oublie pas alors qu’une des bandes du drapeau breton correspond au pays nantais. Sans quoi, il démontrera au contraire que, de plus en plus, le sentiment d’appartenance se résume à l’administration. Car une décentralisation sans redécoupage administratif ni transfert de pouvoirs (et pas compétences) n’est guère plus qu’une déconcentration, c’est-à-dire une poursuite du centralisme…