Jean-Luc Bleunven : « un État centralisé et concentré est nettement moins efficace »

Bleunven

Arrivé second lors du premier tour des législatives du 11 juin dernier dans la 3ème circonscription du Finistère (Brest rural), Jean-Luc Bleunven aura fort à faire pour retrouver son siège de député. Conscients de la qualité de son mandat, la fédération Régions et Peuples solidaires et l’Union démocratique bretonne le soutiennent. Le Peuple breton lui a donc proposé une tribune libre.

Les résultats des élections de dimanche sont riches d’enseignements pour tous les fédéralistes. Les optimistes avanceront que la future majorité « En Marche » très renouvelée, féminisée, rajeunie, qui ne jure que par le pragmatisme et la « libération des énergies », devrait en toute logique être plus favorable que les anciennes majorités aux idées de décentralisation, du droit à la différenciation et à l’expérimentation locale.

Les pessimistes observeront que, bien que renouvelée, ceux qui constitueront le cœur du pouvoir dans la nouvelle majorité ressemblent beaucoup à ceux qui constituaient l’ancienne. Malgré les déclarations d’intention classiques des campagnes présidentielles, il est peu probable que notre nouveau président « Jupitérien » se convertisse de sitôt au renforcement des pouvoirs locaux.

Pour ma part, le mandat passé a achevé de me convaincre qu’à l’heure du numérique et de la mondialisation, un État centralisé et concentré, qui plus est fortement endetté, est nettement moins efficace que des territoires jouant la carte de la transversalité, de la subsidiarité et de la participation citoyenne.

La Bretagne, avec son système éducatif performant, ses centres de recherche parmi les meilleurs au monde, ses infrastructures, a une opportunité à saisir. Nous devons continuer à nous battre pour obtenir d’avantage de marges de manœuvre locales. On l’a vu à de nombreuses reprises, l’application uniforme de grands principes sur tout le territoire national n’est pas efficace et conduit à des aberrations. Les TAP, la politique de l’eau, les exemples en la matière ne manquent pas.

Ce scrutin m’a frappé par l’impact gigantesque des médias nationaux sur les électeurs. Certains de mes collègues députés, qui avaient mené leur mandat de façon remarquablement exemplaire et transparente, se sont retrouvés largement battus par des candidats très peu connus avec pour critère unique la « marque » Macron. Partout, la motivation est le label plus que l’adhésion au candidat.

Cette démarche est complètement à l’envers de ce qui se faisait jusqu’alors : il n’est plus question de construire une offre politique à partir de convictions puis de convaincre les citoyens, mais bien d’analyser la demande populaire pour proposer les idées qui correspondent.

Il n’est pas question de nier la responsabilité des partis « traditionnels » dans cette situation. Le ras-le-bol patent face à leur incapacité à se renouveler a ouvert une voie royale à cette opération de marketing politique. Mais le renouvellement de la forme ne cachera pas éternellement la grande continuité du fond politique proposé par Emmanuel Macron.

Pour expliquer cela, et en convaincre les bretons, nous avons besoin de relais médiatiques forts. À plusieurs reprises, je me suis battu avec d’autres pour pour la création d’une chaîne de TV publique en Bretagne. De même, nous nous sommes largement mobilisés contre les ambitions centralisatrices de la direction de France Bleu. Le combat pour des médias locaux de qualité est un levier essentiel pour une vraie décentralisation des pouvoirs en France.

> Ar Skridaozerezh / La Rédaction

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