Pour le Grand Paris, on trouve toujours 108 milliards, non ?

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La tribune de Michel François est un réquisitoire en faveur du vote Oui la Bretagne. Il rappelle une évidence : la centralisation dessert nos territoires, elle les assèche, les vide, les pompe.

Dans son cahier Éco&Entreprise des 28 et 29 mai, Le Monde fait un point intéressant sur l’avancement et le coût du colossal chantier du Grand Paris, où les travaux sont bien engagés quelques années seulement après la décision politique. Ici, visiblement, il n’y a ni tritons à crête, ni sols humides, ni écologistes procéduriers. Et l’argent ne manque pas, alors que toutes les collectivités locales tirent ailleurs la langue et pleurent après la baisse continue des dotations de l’État. Mais quoi ? Tout le monde n’est-il pas d’accord pour mettre Paris à la hauteur de son « rôle mondial » (vous avez bien été consultés ?).
Côté transport, le chantier comporte sur dix à quinze ans et pour 25 milliards d’euros la création de quatre lignes de métro automatiques, le creusement de 200 km de tunnels et la construction de 68 gares et accessoirement l’achat de 950 « voitures ».

Jusqu’à 30 tunneliers (perceuses mastodontes auto-motrices) pourront creuser simultanément de longs parcours souterrains dans le sol parisien, à des profondeurs dépassant parfois 40 mètres. D’autres perforateurs, verticaux, se chargeront d’ouvrir les accès et l’aération de l’ensemble. Le chantier produira 43 millions de tonnes de déblais (4500 fois le poids de la Tour Eiffel).

C’est le plus grand des chantiers d’infrastructures jamais ouverts en Europe, et le quatrième chantier au niveau mondial, derrière les projets chinois et indien.

Le Monde précise qu’avec avec le logement et l’urbanisme, la facture atteint 108 milliards. En ce qui concerne le logement, la construction annuelle de 70 000 d’entre eux est prévu, dont 20 % seront situés à proximité des gares. La fécondité francilienne doit-elle brutalement augmenter, ou l’accueil de centaine de milliers de migrants serait-il enfin prévu ? Nous n’osons croire qu’on compte sur les régions et sur les effets de la centralisation des transports pour accroître ainsi le surpeuplement francilien.

Cerise sur le gâteau, le projet devrait se traduire par une forte augmentation du PIB, 60 milliards de retombées fiscales et une relance des emplois dans le BTP après des années de crise.

Ça rapporte, de dépenser à Paris l’argent drainé vers les caisses publiques et les sièges centraux des grands groupes par la centralisation, surtout s’il vient remplir les coffres d’autres caisses et sièges centraux…

Au passage, rappelons-nous tout de même du fait que ces travaux plus que pharaoniques ne sont « justifiés » que par la croissance tuméreuse de l’agglomération parisienne, fruit toxique lui-même d’une centralisation ahurissante des transports, laquelle, depuis le milieu du 19ème siècle, concentre progressivement dans Paris et ses abords la population, les activités, les richesses et les moyens de tous ordres. Et l’enjeu de ces « investissements » pour Paris et ceux qui vivent le mieux de cette concentration, c’est la perpétuation de ce système d’exploitation où se solidarisent les détenteurs des richesses et les partis jacobins qui tiennent le pays pour eux.

> Michel FRANCOIS

Michel François habite Saint-Herblain où il fut élu municipal de 2004 à 2012. Pilier de l'UDB en Loire-Atlantique, il écrit régulièrement sur son blog: http://stervlan-mf.over-blog.com/