Tout est allé très vite ! Histoire de déséquilibrer encore un peu plus des scrutins déjà monopolisés par les candidats En Marche, le Président de la République a décidé de se rendre en Bretagne, sans doute conseillé par Jean-Yves Le Drian. Après une visite à Saint Nazaire hier, puis à Etel et à la base des fusillers marins à Lanester, Emmanuel Macron a rendu une visite aux marins de Lorient ce qu’aucun président n’avait fait depuis François Mitterrand. Derrière lui, une cohorte de courtisans.
L’avenue de la Perrière était bien gardée ce matin. Des dizaines de cars de CRS barricadaient l’entrée du port de pêche où Emmanuel Macron était attendu. Dans ses valises, l’ancien maire de Lorient et ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian et, bien sûr, le prétendant à sa propre succession, le député Gwendal Rouillard. On notera que de nombreux maires – dont celui de Plœmeur – n’ont pas été invités alors que la conseillère municipale et candidate aux élections législatives Teaki Dupont y était, elle. On y perd son breton !
Mais alors que Libé titre sur le fait qu’à « Lorient, Emmanuel Macron visite la France qui va bien », devant les grilles, une centaine de militants syndicaux se sont rassemblés. Fabien, docker, est de ceux-là : « M. Macron voulait rencontrer des « acteurs portuaires ». Justement, nous en sommes ! Pourtant, nous ne pouvons pas accéder à notre lieu de travail. Ils ont trié ceux qui pouvaient rentrer et nous, les opposants à la loi El Khomri et de la future réforme par ordonnance du code du travail ». Mais puisqu’on vous dit que tout va bien !
La pêche est un véritable enjeu pour la Bretagne et son avenir est loin d’être assuré. Alors que les britanniques ont choisi de se retirer de l’Union européenne, l’avenir de la pêche bretonne en Atlantique Nord-Ouest est en effet incertaine. La visite du Président au port est donc l’occasion pour les marin-pêcheurs de discuter de ce sujet, mais aussi de l’opportunité du rattachement de la pêche au ministère de l’agriculture, du renouvellement des flottilles, de la formation des jeunes… Le candidat Oui la Bretagne aux législatives, Gael Briand, était présent au rassemblement gardé par les CRS (pas de carton d’invitation). Pour lui, l’enjeu se situe dans la gouvernance de la gestion des pêches. « Le néo-libéralisme met les travailleurs en compétition les uns avec les autres. Or, les marins-pêcheurs doivent au contraire se serrer les coudes et chercher à s’auto-gérer le plus possible. L’éloignement des décisions est déresponsabilisant alors que les premiers concernés par l’avenir de la pêche, ce sont bien les marins eux-mêmes ! Le modèle à construire devrait plutôt s’inspirer des prud’hommies en Méditerranée que de la gestion autoritaire par l’État ou l’Union européenne. Aucun ministère, qu’il soit de la mer ou de l’agriculture, ne connaîtra les métiers de la mer aussi bien que les acteurs portuaires. Dans ce cas, pourquoi ne pas leur donner une part de décision à eux aussi ? »