56ème jour de grève de la faim pour les prisonniers politiques kurdes

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Alors que la communauté kurde de Nantes pleurait son local incendié dans la nuit de samedi à dimanche, le Conseil démocratique kurde en France alertait l’opinion publique sur le sort de « dizaine de prisonniers politiques (…) au seuil de la mort ». Les prisons turques connaissent en effet une vague de contestation sans précédent de la part de militants kurdes qui entendent dénoncer les violations systématiques de leurs droits dans les prisons. « À ce jour, les grévistes de la faim représentent 168 personnes dans 18 prisons. Dans la prison de Sakran (province d’Izmir) où ce mouvement a été lancé, la grève de la faim est dans son 53ème jour. » écrivait le Conseil démocratique kurde en France le 8 avril dernier, un tableau détaillé des prisonniers et du nombre de jours passés sans manger à l’appui. La grève de la faim a été rapidement suivie dans les prisons d’Edirne, de Sincan, de Sirnak, d’Urfa-Hilwan et de Wan.

Hélas, le président turc Erdogan s’en moque éperdument, tout absorbé qu’il est par son référendum de réforme de la Constitution du 16 avril lui permettant plus ou moins d’officialiser sa position de dictateur en le maintenant au pouvoir jusqu’en 2029. Aussi impassible que Margareth Thatcher devant le sort des prisonniers de l’IRA et du tristement célèbre Bobby Sands, Erdogan laisse sans vergogne les prisonniers se détruire la santé pour que leur cause soit entendue. Et le mouvement prend de l’ampleur puisque qu’en témoignage de leur solidarité, leurs familles, à Izmir, ont entamé elles aussi une grève de la faim.

Les prisonniers réclament la fin du régime d’état d’urgence, la reprise des négociations avec le mouvement kurde, la fin de leur isolement ainsi que de celui de leur leader, Abullah Ocalan, la fin de la répression dans les prison, des raids dans les quartiers pénitentiaires, le rétablissement de la communication entre les quartiers, l’autorisation d’activités sociales dans les prisons, la suppression des restrictions sur les livres, la fin du harcèlement des gardiens durant les visites des familles, la mise en place d’un dispositif de soins pour les malades et le droit de communiquer entre détenus.

Qui entendra la plainte de ces prisonniers qui prônent le « non » au référendum ?

> Gael Briand

Journaliste. Géographe de formation, Gael Briand en est venu au journalisme par goût de l'écriture et du débat. Il est rédacteur en chef du magazine Le Peuple breton depuis 2010. Il a également écrit « Bretagne-France, une relation coloniale » (éditions Ijin, 2015) et coordonné l'ouvrage « Réunifier la Bretagne ? Région contre métropoles » (Skol Vreizh, 2015). [Lire ses articles]